Confiance & défis (1/3)

PRESENTATION

1. Introduction

L’errance pourrait être la caractéristique ontologique de l’être humain qui reflète le mieux notre époque. Non qu’elle soit moins présente au fil de notre histoire, mais elle présente aujourd’hui un visage inquiétant au travers moult signes :

• La défiance des religions (1),
• Le retour à l’adoration du « Veau d’or » (2),
• Le manque de perspectives (personnelles & professionnelles) (3),
• La perte de repères temporels (4).

Mais cette phénoménologie de l’errance serait incomplète si l’on n’y adjoignait pas « la perte ou l’absence de mémoire ». Que se soit d’un point de vue personnel ou professionnel, cet état de fait n’est pas sans conséquences car il bouleverse notre relation à l’autre. Il ne s’agit pas ici d’une maladie, dont quelque remède permettrait de recouvrer le salut, ni même d’une occultation d’événements historiques (5), mais de cette chape de plomb qui s’est abattue sur les êtres humains qui ramène leur mémoire à celle d’un poisson rouge.

Ce n’est qu’un constat mais qui trouve peut-être sa justification dans l’esprit d’une époque où tout va très vite, voir trop vite. Nous sommes pris dans un tourbillon de changements qui amène chacun non seulement à constamment s’adapter mais aussi à fournir l’effort idoine. L’effet délétère de cette situation, largement alimenté par le stress et la fatigue, se concrétise par des comportements incohérents (6) et par la perte de ses repères, de son identité.

Mais l’errance n’est ni une fatalité, ni une victimisation. C’est un flux en perpétuel mouvement qui recèle le ressort de l’action, de l’action juste. De ce fait elle amène à s’interroger quand vient l’heure du bilan (7). Ce moment est tout à fait important car il va être le creuset de la réflexion qui verra naître l’expérience. La question «Où en suis-je ?» ou «Où est-ce que j’en suis ?» devient alors essentielle, car y répondre ne consiste pas seulement à révéler ses acquis mais aussi à envisager l’avenir éclairé par sa « Force intérieure ».
Bien-entendu cela nécessite une intimité, c’est-à-dire un temps et un lieu pour soi. Ce pré-requis élémentaire est à l’image de l’archer qui, avant de bander son arc et viser la cible, doit être quelque part à un moment donné.

Notre interrogation se focalisera donc sur la question « Où en suis-je ? », c’est à dire le « J’en suis là ». Cependant ce serait un piège que d’en limiter la réponse à une simple analyse des réussites et les échecs passés. Tels les « bilans de compétence » qui sitôt la photo prise nous ramène à l’errance après nous avoir rassuré sur nous-mêmes. Notre propos ne vise donc pas une prise de conscience instantanée mais continue. Or cela ne peut se faire qu’au sein d’une vision d’unicité qui englobe le contexte en perpétuel mouvement du « J’en suis là ».

Telle est notre démarche que de rechercher un modèle pouvant satisfaire ces contraintes, c’est-à-dire nous permettant de construire une maison sur de la roche et non sur du sable.

Le « J’en suis là », laissant supposer un point d’intersection entre deux axes, nous introduisons deux notions complémentaires que sont la confiance et les défis. A l’image de la croix, la confiance, issue de l’ensemble des réussites, symbolisera la verticalité, alors que les défis représenteront l’horizontalité, i.e. ce que nous devons réaliser sur le plan matériel (8).

Mais notre modèle est encore incomplet car il ne présente qu’une réponse parcellaire quant-il s’agit d’expliquer le changement de conscience. En effet entre la question « Où en suis-je ? » et la réponse, « J’en suis là », le « JE » a changé. Or ce constat ne nous explique pas l’origine du phénomène. En fait nous conjecturons que la réponse se trouve dans le rythme associé au dualisme (action – non action). Ainsi la marche associée au rythme nous permet –elle d’avoir les idées plus claires. Ceci est vrai aussi dans le Yoga, où l’alternance des « Asanas » (9) associée au souffle concourt-elle à un changement de conscience.

Cette idée de l’influence du rythme, associé à un dualisme, sur le changement de conscience n’est pas nouvelle. Elle correspond d’ailleurs parfaitement à la tradition judéo-chrétienne de Noël. Noël, ou NO AL -Nouveau Dieu-, correspond à cette période où la lumière extérieur diminue au bénéfice de la naissance d’une lumière intérieure : le Christ. C’est aussi le moment où l’on décore son sapin avec des guirlandes qui clignotent. Il est d’ailleurs curieux de constater que faisant suite à cet événement la tradition nous suggère aussi quelques résolutions pour l’année à venir. De nouveaux défis en quelque sorte !
Dans notre cas la construction de deux cartes mentales, celle de la confiance et celle des défis, devrait provoquer le rythme escompté. C’est d’ailleurs tout l’objet de la cartographie mentale (Ou des cartes heuristiques).

Il ne nous reste plus qu’à attacher à notre modèle une vision d’unicité au sein de laquelle vont s’exprimer toutes les oppositions. Mais pourquoi ce besoin ? Que nous le voulions ou non confiance & défis sont soumis, comme toutes choses, aux lois du changement, de l’impermanence, dont l’errance est issue. La confiance est volatile, et les défis changeants. Notre centre est donc amené à se déplacer régulièrement. Ce phénomène est normal et souhaitable. Il fait parti du cheminement d’un être humain tout au long de sa vie. Le piège serait de nous attacher à une vision unique. La spontanéité de l’idée est peut-être l’exemple qui parle le mieux. En fait une même idée peut avoir toute sa pertinence à un moment donné et engendrer une catastrophe peu de temps après. Qu’elle soit pertinente ou non n’est pas tant notre propos que celui d’en appréhender tout le contexte. Cela suppose donc des oppositions et ipso facto d’élever son point de vue. Tel est le propos de notre démarche que de faire coexister toutes ces notions au sein d’un même ensemble en perpétuel mouvement, tout en conservant le même angle de vue.

Cet ensemble, incluant toutes choses, est celui de la création de l’univers. Son coté féminin (10) nous incline à le considérer comme une « Matrice ». C’est en son sein, qui contient les flux universels en constants mouvements, que le germe produit par la confiance & les défis, engendrera une nouvelle conscience, un nouvel homme (11). Par souci de commodité, mais aussi par respect pour une immense culture, c’est sous l’angle de la tradition chinoise que nous nous placerons en nommant cette « Matrice » : TAO.

Au final notre modèle (12) sera donc composé des éléments suivants :

• deux paramètres (La confiance & les défis) formant un point,
• un rythme associé favorisant l’émergence d’une nouvelle conscience,
• un référentiel unique.

Notre démarche utilisant ce modèle, centrée sur la question fondamentale « Où en suis-je », sera donc orientée suivant 3 axes :

• se situer, i.e., pouvoir dire « J’en suis là »,
• « accoucher » d’une nouvelle conscience (13),
• envisager de nouveaux défis à venir.

Après avoir situé la confiance & les défis au sein du TAO, nous aborderons la réalisation de chacune des 2 cartes mentales associées sous l’angle des échanges.

(1) : L’intégrisme islamique, menaçant l’occident par la violence et les attentats, a beaucoup contribué à cet état de fait. Côté Catholicisme, le concile de 1962 (Modification du rite de la messe, perte du latin) ainsi que la présence de « l’Opus Dei » au sein de l’Eglise n’ont pas arrangé les choses.
(2) : Nous faisons référence à l’épisode de l’Exode, où Moïse descendit du mont Sinaï avec les « tables de la Loi ». Nous sous-entendons par le terme « Veau d’or » le culte de personnalités médiatiques élevées à l’état de « Dieux » mais aussi à tous les comportements « humains » qui conduisent à une matérialité débridée sans cesse croissante. Adorer le « Veau d’or » revient à s’éloigner de « l’Unique » et à se perdre dans le plan matériel. Dans ce plan là l’immortalité n’existe pas puisque la matière est soumise aux cycles.
(3) : A l’heure ou la situation économique est peu florissante, cela s’avère d’autant plus. ATTENTION ! Ce constat général n’empêche aucunement des initiatives individuelles qui transforment des victimes du système en véritables acteurs économiques.
(4) : Nous entendons par « perte des repères temporels » cette sensation que nous ne maîtrisons plus notre temps personnel, qu’il ne nous appartient plus. Que sans cesse sollicité nous avons le sentiment d’être « pris par le temps », d’en être une victime.
(5) : La perte de mémoire historique (i.e. les événements), vilipendée par « le devoir de mémoire », n’est pas l’objet de notre propos.
(6) : L’abus de téléphone portable, l’addiction aux jeux vidéo et au multimédia, les nuisances sonores des baladeurs, et une violence de plus en plus présente.
(7) : Il est important de noter que ce n’est pas nous qui décidons de ce moment qui n’est ni maîtrisable ni décidable. Pour être plus clair, on pourrait dire que c’est une Force intérieure qui nous amène à nous interroger.
(8) : Le choix du couple (singulier, pluriel) a été choisi à dessein de correspondre avec celui de (l’espace, temps).
(9) : Les « Asanas », i.e. les positions, sont une des cinq branches du Yoga.
(10) : Cf. Annick de Souzenelle – « Le féminin de l’être » – Albin Michel 1997
(11) : NEO pour les passionnés de « MATRIX ».
(12) : Notre modèle est comparable à une approche Corps, Âme, Esprit. Le Corps serait au point ce que l’Âme serait au rythme (Dans le Yoga la respiration n’est pas le rythme mais son vecteur). De notre point de vue l’Esprit est immobile, c’est donc un référentiel idéal.
(13) : On reconnaîtra ici « la Maïeutique » de Socrate

2. Bénéfices

Les principaux bénéfices de notre démarche, qui s’appliquent à tous, seront les suivants :

• permettre de reconnaître mais aussi de mieux accepter nos forces et nos faiblesses,
• retrouver un sentiment de confiance et de fierté durable,
• remotiver ou se remotiver,
• transformer les « non réussites » en défis futurs.

Bien que cela ne soit pas un pré-requis, il est tout de même conseillé d’utiliser notre démarche sous forme d’accompagnement. Dans ce sens les coachs et les managers trouveront ici un outil d’aide à la motivation.
Quant aux parents, ils pourront concrétiser les acquis de leurs enfants tout en permettant de transformer les « non –réussites », c’est à dire les bêtises, en défis futurs.

3. Remerciements

Nous souhaiterions remercier Mr. Eric ANQUETIL qui nous a mis sur le chemin de cette idée, ainsi qu’Adèle CÔTE,  Jean-Paul BORDESSOULLE, Elsa DOS REIS, et Jean-Claude LANES pour la pertinence de leurs remarques lors de la relecture.

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