TAO, CONFIANCE & DEFIS
1.Qu’est-ce que le TAO ?
Un disciple posant un jour la question à son Maître « Quest-ce que TAO ? », se vit répondre : « TAO est TAO ».
Cette réponse, bien que paradoxale pour nous occidentaux qui sommes ancrés dans un modèle aristotélicien, est juste. Dabord parce quelle évite denfermer ce terme dans une définition qui en limiterait automatiquement les effets (14). Ensuite parce quelle correspond plus à une invitation à le vivre quà lexpliquer. Toutefois, et à dessein de ne pas laisser sombrer le lecteur dans la perplexité, nous mettons à disposition une tentative de définition (15) :
Le TAO ou DAO est un terme de philosophie chinoise (en chinois « 道 » DAO signifiant : « la voie », « le chemin »). Le TAO est la force fondamentale qui coule en toutes choses dans lunivers, vivantes ou inertes. C’est lessence même de la réalité et par nature ineffable et indescriptible. Il est représenté par le « tàijítú » symbole représentant lunité au-delà du dualisme yin-yang (soit respectivement l’entropie positive et négative).
Fig. 1 : Le « taijitu » ou symbole du « yin & du yang »
Le TAO peut être considéré comme la matrice préalable au sein de l’univers au passage du qi, ou souffle originel, précédant la parité binaire du yin-yang. Il est au cur debmp conceptions éthiques chinoises (le mot « daode », morale, en est issu), généralement considérées comme une pragmatique du juste milieu, ou du choix propice. En fait nous nous intéresserons ici plus au symbole du TAO quà sa définition (16).
Le « taijitu » présente 3 particularités qui vont nous être très utiles par la suite :
En premier lieu il convient de dire que le « taijitu » nest ni statique ni équilibré. Il serait illusoire de considérer ce symbole comme une photo. Son graphisme, c’est à dire le choix des couleurs et des formes symétriques, est avant tout un confort de représentation de forces opposées sans cesse en équilibre (17). En réalité cela nest pas toujours vrai puisquil symbolise le mouvement perpétuel.
Ensuite il serait plus juste de limaginer en 3 dimensions. Dans ce sens nous pensons quune forme cubique serait plus adaptée.
Enfin pour conclure, le « taijitu » possède la faculté daider lobservateur à dépasser le sentiment de dualité pour se rapprocher de lunité. Par exemple les formes complémentaires des couleurs vont fusionner dans la conscience de lobservateur pour finalement provoquer un sentiment dunité. Ainsi le blanc et le noir se confondent-ils avec la notion unique de « couleur ». Il en va de même du bien et du mal qui sont réunis sous le vocable unique de « dualité ». Le « taijitu » nous rappellerait-il que lhomme est unique et multiple en même temps ?
Dans toute la suite, et à dessein de faciliter la compréhension, nous appellerons Yin la forme sombre du « taijitu », et Yang sa partie brillante. Les points de couleurs opposées sont appelés « biaoli » (18).
(14) : Lao Tseu disait : « Le TAO que lon peut nommer nest pas TAO ».
(15) : Source « Wikipédia » (Mot clé : « Dao »).
(16) : Daprès les sages chinois, si TAO était comparable à un océan, son étude pendant une vie entière ne permettrait den recueillir quune seule goutte.
(17) : Le BLEU et le ROUGE pourraient se substituer au BLANC et NOIR.
(18) : Source « Wikipédia ».
2. Confiance et TAO
TAO nous fourni un cadre détude idéal de la confiance, tant par son acception que par ses oppositions.
Comme nous lavons mentionné plus haut, et décrit dans le schéma ci-dessous, la confiance peut être vue comme le résultat dun ensemble de réussites. Pour être plus clair nous dirons que chacune des réussites participe à un sentiment général redonnant « foi » en nous-mêmes. Confiance et foi sont donc intimement liées (19). Cependant le sentiment de confiance ne peut être infini, il trouve donc naturellement sa limite dans le point noir de la partie Yang. Ce constat nous semble assez important car parler de « confiance aveugle » revient dune part à ne pas limiter la confiance, dautre part à contredire le principe du TAO.
La partie Yin nous semble tout aussi intéressante car elle sappuie sur le doute. Nous savons à quel point le doute est indissociable de la foi (20) tout en sy opposant (Ce que nous retrouvons sur le schéma ci-dessous). Cependant le doute possède un ressort vers la confiance que nous avons symbolisé par le point blanc. En effet, et à limage de la confiance, il ne peut-être total donc il contient, de manière consciente ou non, un ensemble de réussites non détectées qui vont nous aider pour un nouveau départ. Il appartient donc à laccompagnateur, lors de lentretien, dattirer lattention sur cet ensemble.
Comme ni le doute, ni la confiance ne vont pouvoir se stabiliser de manière définitive, il va sen suivre un mouvement régulier que nous appellerons une « respiration ». Cette respiration est essentielle car elle permet, en travaillant régulièrement, daugmenter son champ de confiance que lon peut aussi comprendre comme son « champ de conscience ». Le résultat sera dautant plus efficace que lon trouvera soi-même son rythme en appliquant la démarche ci-dessous.
Pour conclure sur cette partie nous dirons que la confiance peut aussi être un piège dans le sens ou elle se situe dans la non-action. Cette constatation nest pas triviale car en dehors de laction, le progrès, lexpérience personnelle ne peuvent exister. Mais en même temps dès quil y a action il existe un doute. Nous touchons donc du doigt une réalité quotidienne : le couple (confiance, doute) agit comme une respiration qui ne peut sarrêter.
Fig. 2 : Le « taijitu » de la confiance
(19) : Le mot « confiance » provient de lancien français « fiance » qui signifie « foi » (Cf. Dictionnaire « Le petit Robert »)
(20) : Considérée ici comme confiance.
3.Les défis et TAO
Il est dans notre nature que les conséquences de notre état dêtre humain nous égarent, c’est-à-dire nous éloignent de notre axe. Cet état nous entraîne naturellement vers « lerreur » (21), jusquà ce que nous en ayons la maîtrise pour éviter quelle ne se reproduise. Cette maîtrise ne peut être que progressive, car bien souvent « le même plat » nous est resservi plusieurs fois avec un sentiment de déjà vu puisque nous chutons à nouveau (22). Paradoxalement nous sous-estimons notre capacité dauto-analyse qui permettrait, par bien des aspects, une meilleure introspection mais aussi un retour plus rapide vers la sérénité. Tel est le dessein des défis que de regarder et danalyser nos erreurs afin de revenir vers notre axe.
A la lumière du TAO les défis, représentés par le YIN, peuvent être vus comme un ensemble dobjectifs à atteindre. Chacun de ces objectifs est dit « SMART » i.e. :
spécifique dans le sens personnalisé -,
mesurable,
ambitieux,
réaliste,
limité dans le temps (Début et fin)
Cependant il existe une grande différence entre les défis que lon se fixe et ceux qui nous sont fixés. Ce qui implique que labsence de cadre peut ne pas garantir leurs succès (23). Par ailleurs les défis doivent occasionner une tension durant une période. De ce fait il existe un risque, symbolisé par le point noir, quils soient sous dimensionnés et débouchent fatalement vers linaction.
Si les défis sinscrivent dans une dynamique, ils font face naturellement à des freins que lon pourrait traduire par une sorte dimmobilité ou de manque de vigueur, peut-être même de négligence. Mais cet état ne peut durer car le propre de lhomme cest laction. Y aura-t-il un jour ou lautre une réaction, un réveil ? Le TAO nous répond par laffirmative avec ce point blanc qui contient le ressort nécessaire à de nouveaux défis. Nous pensons que ce ressort pourrait être léchec car il rend plus fort et nous oblige à réagir ou « Re-agir ».
Par définition les défis portent laction : le faire, pour laquelle la principale difficulté réside dans le choix de la période. En effet déterminer le moment le plus adapté pour agir nest pas aisé. Car il ne suffit pas de prendre la décision de relever le défi pour sassurer de son succès, encore faut-il se lancer dans laction. Deux cas de figure se présentent : les objectifs qui nous sont fixés et ceux que lon se fixe.
Le premier cas nécessite comme nous lavons vu un contexte qui va être source de contraintes. Un exemple simple concerne lentreprise où généralement en début dannée les objectifs sont fixés. Les défis sont clairs et cadrés. Autre cas, celui de la tradition Chrétienne où, après la période de Noël, chacun est invité à prendre ses résolutions pour la nouvelle année (24). Au fil du temps le cadre qui était fixé par la tradition a malheureusement disparu pour céder sa place au côté mercantile des fêtes.
Le deuxième cas est certainement le plus difficile car il implique de la rigueur et de la persévérance. La nécessité dun contexte, gage de succès, impose de gérer les défis comme un projet avec une méthodologie associée (25). Paradoxalement cest aussi la situation la plus intéressante en termes dorganisation, cest à dire de choix du moment, puisque nous sommes libres du thème et de la durée de laction.
Fig. 3 : Le « taijitu » des défis
(21) : « Errare humanum est, sed perseverare diabolicum est » (Lerreur est humaine mais persévérer est diabolique).
(22) : En effet « lerreur » peut être fortement enracinée chez « lhomme » et agir un peu comme une poupée gigogne. Le problème persiste alors que lon pensait lavoir éradiqué.
(23) : Dans ce cas on dit que les objectifs ne sont pas atteints.
(24) : Même si cela na jamais été clairement dit, il nest pas sans fondement de considérer que le « nouvel Homme », célébré durant cette période (NOEL ou NO-AL), car investit dune nouvelle force intérieure (La lumière de lEsprit), va agir sur le « Monde » à travers un ensemble de résolutions.
(25) : En général les termes : analyse, planning, budget, suivi, ressources, et risques, font partis du vocabulaire associé à un projet ainsi que la méthode qui les accompagne. Un projet nest pas seulement valable dans le monde professionnel mais aussi dans la vie de tous les jours. (Par exemple : Le développement personnel, la santé, les projets personnels, le démarrage dune nouvelle activité culturelle, etc.).