Interview de Pierre MONGIN

 

A l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage « Manager avec le Concept-Mapping », qui reste une première dans le domaine, nous sommes allés interviewer Pierre MONGIN. Spécialiste du management visuel de l’information, Pierre surprend  par son éclectisme et semble toujours innover en prenant une longueur d’avance : Mind-mapping(2003), Kanban personnel (2013), et Concept-mapping (2014).

1.Qui est Pierre MONGIN?

Après avoir été directeur d’un office d’HLM, qui construisait à l’époque 1000 logements par an, je suis entré au CNFPT qui m’a envoyé en formation en DESS de consultant de la Fonction Publique. Mon mémoire de stage, édité en 1995 sous le titre Territoires et réseaux d’informations aux éditions du CNFPT, est le premier de la série de mes 15 ouvrages sur le management visuel de l’information. Cela m’a valu des missions à l’étranger de réorganisations de collectivités et en particulier en Colombie où j’ai découvert le « Mind-mapping ».

2.Comment les aventures du management visuel de l’information, et du « Mind-mapping » en particulier, ont-elles commencé ?

Face à des situations difficiles de gestion des collectivités en Colombie, le CNFPT avait été sollicité pour aider la mairie de Bogota. C’est grâce en partie au management visuel de l’information que nous avons pu apporter une aide qui s’est révélée concluante. Cette expérience m’a conduit à approfondir cette pratique dans l’exercice de mon enseignement en tant que professeur associé à l’Université de Lille1 au département Géographie durant 15 ans où j’ai formé des centaines d’étudiants à la cartographie visuelle. Ma formation a été celle d’un chercheur s’enrichissant de mes essais et de mes erreurs.

Cette passion du sujet m’a progressivement amené à partager mes connaissances auprès d’un plus vaste public. Je me suis donc lancé dans l’écriture d’ouvrages sur le management visuel de l’information pour en montrer la pertinence.

3.Tu as été un contributeur d’un livre initiateur : « organisez vos idées avec le Mind-mapping ». Comment est née cette idée ?

Au départ nous ne nous connaissions pas, mais quand Internet a commencé à se développer à la fin des années 90, quelques passionnés ont échangé sur le « Mind-mapping ». Un site pionnier www.petillant.com, développé par Jean-Luc Deladriére, a commencé à collecter et à diffuser des cartes mentales ou heuristiques. De là est née ma rencontre avec Frédéric Le Bihan, Denis Rebaud, et Jean-luc.

Notre ouvrage collectif « Organisez vos idées avec le Mind-mapping », pionnier en francophonie en 2003, en est maintenant à sa 3ième édition. C’est aujourd’hui un best-seller traduit en japonais, coréen, espagnol et vietnamien.

4.Avec la sortie de ton dernier livre : « Managez avec le Concept Mapping » tu réalises une première en France et même en Europe car il existe très peu d’ouvrages sur le sujet dans le monde. Qu’est-ce que tu veux transmettre comme message(s) ?

Premièrement précisons que le « Concept-mapping », qui donne lieu à la création de cartes conceptuelles, s’inscrit dans la continuité du « Mind- mapping ». Il apporte cependant une dimension nouvelle en mimant encore plus la manière de fonctionner de notre cerveau en réseaux interconnectés. Les cartes peuvent représenter des connaissances conceptuelles, des connaissances de contenus (annotations, textes, graphiques) mais aussi des connaissances de ressources sur un sujet (sites web, documents multimédia). Elles s’expriment sous forme de concepts interconnectés et multi-centres à la différence de la représentation radiale de la carte mentale mono-centre. On peut alors représenter tout système sous une forme lisible en voyant les flux, les interactions, etc.

Deuxièmement, en délivrant un message immédiat et visuel, les cartes conceptuelles sont un superbe outil pour tous les travailleurs du savoir  : les managers, les pédagogues, les enseignants, les étudiants, etc. Elles permettent de :

  • Organiser des réunions productives en soutenant la mémoire
  • Favoriser la créativité et la réflexion individuelles et collectives
  • Passer de l’information à la connaissance
  • Clarifier et modéliser ses idées et sa vision stratégique
  • Dynamiser et renforcer l’efficacité de son équipe
  • Apprendre à apprendre

Troisièmement il y avait des manques dans ce domaine. En effet, utilisateur régulier du logiciel libre et francisé « Cmaptools », on me demandait toujours son mode d’emploi mais aussi des modèles comme la matrice de Porter, le « Business model » et bien d’autres encore…Je les ai donc inclus dans l’ouvrage avec comme objectif de faire gagner du temps aux lecteurs.

Pour finir j’ai voulu que ce livre soit très pragmatique. Dans ce sens les enseignants y trouveront 45 pages d’utilisations pratiques sur organiser un cours par exemple en réunissant des données multimédia. Tant il est vrai que le savoir est maintenant disponible sous diverses formes numériques et que les enseignants voient leurs rôles se modifier pour apprendre à apprendre à leurs étudiants.

5.Quelles différences y-a-t- il entre une carte mentale et une carte conceptuelle ?

Bien que je l’explique clairement dans l’ouvrage, un article sur le web l’explique parfaitement : www.petillant.com/Comprendre-le-Concept-Mapping

RESEAUX

6.Peux-tu nous donner des exemples de domaines, ou de situations, qui peuvent faire l’objet de cartes conceptuelles et non de cartes mentales ?

Les exemples pratiques sont nombreux : création d’un service qualité dans une entreprise, visualisation de processus, etc. Un de mes clients a même édité sur plusieurs mètres carrés sa « supply chain ».

CMAP_CRT_QUALITE

Si l’on veut comprendre : les systèmes dans une entreprise, la diffusion d’un produit ou d’un service, le raisonnement linéaire, etc. voir radiant uniquement n’est plus suffisant pour représenter graphiquement la complexité. Quand les mots et les chiffres ne suffisent plus pour communiquer, les cartes conceptuelles par leurs richesses de représentation, de « forage » dans les connaissances (voir leurs nœuds imbriqués) dévoilent progressivement de nouvelles couches de connaissances. En termes de communication à mi-chemin entre Powerpoint et Prezi, elles apportent un réel bénéfice en gardant présent la structure et en dévoilant successivement les détails sur autant de niveaux que nécessaires.

7.En terme d’apprentissage, à partir de quel âge peut-on utiliser les cartes conceptuelles ?

 A partir de la 6iéme, i.e. 10 – 11 ans, les élèves ont déjà conscience de la manière dont fonctionne un système. Même avant d’ailleurs, le meilleur exemple est celui d’un sac plastique rempli d’eau accroché à la fenêtre d’une école maternelle. Ils sont capables de t’expliquer le cycle de l’eau qui s’évapore puis retourne en liquide. Pour expliquer ce cycle, j’ai vu des élèves de grande section de maternelle faire des pseudo-cartes conceptuelles, c’est-à-dire avec des dessins et des flèches.

CC_CMAP

8.Ton livre donne le sentiment que tu aurais pu aller un peu plus loin. Est-ce une volonté de ta part d’avoir bridé cette première édition ?

Le champ du « Concept-mapping » est vaste. Pour éviter d’embrasser trop de domaines j’ai fait le choix de la pédagogie au travers d’un livre opérationnel, i.e. Basé sur du concret. J’ai aussi choisi un format qui respecte notre champ visuel en optant pour un format paysage (16/9iéme) et tout en couleurs, ce qui est exceptionnel pour un livre de management. Ses nombreuses illustrations en font un outil facile d’accès sans vouloir rentrer dans l’explication détaillée de la complexité. Il est cohérent avec son message sur le management visuel de l’information.

9.Dans le cadre de ton association « Mind-mapping pour tous » tu animes des ateliers de « Mind-mapping » et de « Concept-mapping » à Marcq-en-Baroeul dans le Nord. De quoi cela traite –il et quel est le public visé ?

 Les ateliers que je donne, avec quelques membres de l’association (créée en 2008), visent à offrir aux personnes qui le souhaitent l’accès à la découverte du management visuel de l’information. Cela concerne aussi bien les chefs d’entreprise, les professeurs, les élèves de primaire ou les étudiants. Ces séances donnent lieu à des synergies étonnantes. Par exemple pour deux étudiantes réalisant un mémoire sur le « Mind-mapping » et la dyslexie, les membres ont fait des recherches pour leur apporter des points de vue différents et enrichir leurs réflexions.

10.As-tu d’autres projets pour 2015 ?

 Cette année commence avec la livraison prochaine de la seconde édition du Petit manuel d’intelligence économique actuellement en cours de traduction en 5 langues dans lequel les cartes conceptuelles auront évidemment leur place.

Par ailleurs, le 30 Janvier prochain, j’animerai sur Paris, en collaboration avec Philippe Boukobza, un atelier sur « Manager avec le Concept-Mapping ».  Renseignements

 

Pour en savoir plus vous pouvez consulter le blog de Pierre MONGIN : ici

Leave a Reply

Verification *