Archive for the ‘Points de vue’ Category

Interview Juliette GUIGUE

dimanche, mai 31st, 2015

Bien que ce blog soit dédié au « Mind-mapping », je ne peux m’empêcher de céder aux appels du « tubisme » qui est aussi l’un de mes centres d’intérêts.

Le « tubisme » est une manière de représenter graphiquement l’information (idées, mots, etc.) sous forme de plan de métro. Les plans peuvent être empruntés à des villes (Lyon, Strasbourg, Barcelone, Montréal, etc.) ou à des capitales (Paris, Londres, Tokyo, etc.) mais aussi créés de toute pièce en définissant soit même les lignes et les arrêts.

En pratique la créativité n’a pas de bornes puisque les plans peuvent subir des déformations (1), ou revêtir des formes particulières : objet, animal, parcours spécifique, etc.

PARIS_CIRCULAIRE

Plan de Paris circulaire

Côté données le champ des possibles est infini : description de processus, CV, parcours touristique, offres de services, communication, etc. Il est même possible de décrire des méthodes (2).

En fait, en dehors des logiciels de dessins du marché, je ne pensai pas qu’il existait une solution permettant de créer ses propres plans, jusqu’à ma rencontre avec Juliette, une jeune entrepreneuse qui a développé une idée très originale.

1.Qui est Juliette Guigue ?

J’ai 31 ans et suis issue d’une formation en communication, marketing et management. J’ai été consultante en développement durable puis directrice d’un service au sein d’une collectivité. Ce qui me motive c’est la mise en œuvre de projets positifs : construire à plusieurs un service qui soit utile à tous, qui soit pérenne et qui contribue, à sa manière, à apporter un peu de joie.

2.Il y a quelques mois tu as créé un site internet (1), très original, proposant une application utilisant le « tubisme ». Peux-tu nous en parler ? 

Il s’agit d’un site qui permet de raconter collectivement ses souvenirs et anecdotes sous forme d’un plan de métro et de l’éditer sur des supports au choix (t-shirt, tasse, photo, etc.) pour en faire un cadeau original lors de diverses occasions : anniversaire, mariage, pot de départ etc.

MUG_SITUATION

Mug souvenir

Concrètement, le client choisi un modèle de plan, défini ses thématiques pour ses lignes (hobbies, expressions, enfance, etc.) et ajoute des arrêts dont les mots clés et la phrase associée viennent décrire l’anecdote. Puis il invite son réseau à visualiser le plan et à lui proposer des anecdotes pour construire ensemble un plan unique. Le plan finalisé est ensuite éditable sur différents supports numériques et physiques.

SAC_EXTERIEUR

Sac en toile personnalisé

(1) www.mapyourstories.com

 3.Comment t’est venue cette idée d’utiliser des plans de métro pour en créer une offre de service ?

Tout a démarré aux 30 ans d’un ami. Je cherchais une idée de cadeau qui soit assez originale pour marquer le coup, et qui associe tout son réseau d’amis et de famille. J’avais vu, à plusieurs occasions sur des posters ou des t-shirts, des visuels amusants sous formes de plan de métro et je me suis dit que nous pourrions lui réaliser le plan de sa vie. J’ai cherché un outil d’infographie assistée simple pour le réaliser mais je n’ai pas trouvé de solution qui soit : à la fois intuitive, vraiment personnalisable et qui ait un rendu suffisamment graphique pour être offert. Je l’ai donc réalisé laborieusement avec Photoshop tout en mobilisant par mailing l’ensemble de son réseau qui a réagi très rapidement – même ses amis d’Erasmus ont répondu des quatre coins du monde. Le plan a été offert imprimé sur un t-shirt et a beaucoup ému la personne qui l’a reçu. Les participants m’ont demandé où je l’avais fait faire car certains, emballés, souhaitaient proposer la même chose pour un anniversaire ou un mariage.

J’ai réitéré ce cadeau aux 35 ans d’un ami et aux 60 ans de mes parents afin de tester différentes tranches d’âge et localisation. A chaque fois la participation était importante et le cadeau a vraiment fait plaisir.

ANNIVERSAIRE_POSTER

Carte anniversaire

 

J’ai pris le temps d’étudier le marché, les offres concurrentes, les opportunités de développement d’une solution, la faisabilité technique, les partenaires et le « business model », puis j’ai sauté le pas pour monter un projet d’entreprise. Le potentiel « universel » de cette idée m’a convaincu. En effet les cartes sont une modélisation commune à tous, et les histoires et les anecdotes sont ce qui fait l’humanité, ce qui relie les gens entre eux. Sur ces deux bases, avec un outil intuitif qui génère une expérience ludique et de l’émotion, la recette devrait fonctionner.

FETE_DES_PARENTS

Carte fête des parents

 

 4.Quelles difficultés as-tu rencontré lors du développement de cette idée ?

La seule difficulté importante se situe au niveau technique. Il n’était pas facile de trouver la structure à même de développer une version bêta qui corresponde à ma vision, tout en présentant un budget réduit, car le financement de cette version a été réalisé sur fond propre et « love money ». Ce qui est aussi difficile et frustrant, c’est de devoir accepter les imperfections d’une version bêta lorsqu’on a déjà la vision d’une version aboutie. Mais cette obligation de patience m’a permis de réfléchir et de faire évoluer ma vision au gré des rencontres, car on ne développe pas une solution pour soi mais pour les autres.

5.L’application révèle un énorme potentiel. Quelles sont les prochaines fonctionnalités que tu comptes intégrer ?

L’enjeu est de proposer des fonctionnalités simples, permettant de faciliter et de multiplier les opportunités d’utilisation par différents profils de clients qu’ils soient particuliers ou entreprises. Il faut aussi éviter le piège du toujours plus qui finit par complexifier l’acte de création, et par conséquent qui risque de limiter son usage.

Les prochaines fonctionnalités prévues seront donc :

  • La révision du processus participatif permettant de créer une véritable expérience de création partagée,
  • une amélioration de l’interface de création du plan,
  • l’enrichissement de fonctionnalités techniques telles que : l’ajout d’une image sur le plan (photo, logo) et de pictogrammes aux arrêts, la modification de la taille de la police et de la largeur des lignes,
  • L’ajout d’une gamme de visuels plus simples, tels des « nuages de mots » sous forme de cartes et d’images, permettra aussi de développer des usages plus rapides et spontanés.

Toutes ces modifications seront intégrées au fur et à mesure afin de tester la réaction des utilisateurs.

 6.Dans l’univers de la visualisation graphique il n’est pas toujours évident de trouver un modèle économique rentable, j’en veux pour preuve le « Mind-mapping », mais quid du tien ?

La différence est que lorsque l’on crée un plan sur « map your stories », c’est pour l’obtenir sur un support à offrir. Le plan est indissociable d’un support. L’utilisation du service de personnalisation est gratuite. Le client achète son édition, son impression sur des supports sur lesquels l’entreprise prend une marge. J’ai choisi d’intégrer l’impression directement sur le site afin de conserver un maximum de valeur ajoutée et de faciliter le processus d’achat. Cela évite au client de devoir trouver un imprimeur en ligne et de mettre en page son plan.

 7.Plus je regarde ton application web plus je me dis que les professionnels du tourisme, de la culture, de la restauration, de la communication d’entreprise, etc. pourraient être intéressés. Que penses-tu de ces cibles potentielles ?

Ce sont en effet des cibles que je souhaiterai développer. Il faut cependant étudier chacune d’entre elles, les rencontrer afin de voir en quoi la solution pourrait leur être utile car elle n’a pas vocation à entrer en concurrence avec le travail des graphistes. Le volet participatif est pour moi la clef de voûte, car c’est un axe que la plupart des entreprises cherchent à développer que ce soit avec leurs salariés, leurs clients et leurs visiteurs.

 8. Aujourd’hui le site web et l’application sont en Français. Penses-tu les étendre à l’international en proposant d’autres langues ?

Je pense développer rapidement une version en anglais. Mais traduire ne suffit pas. Dans une stratégie d’internationalisation il faut penser à tout car le marketing doit être adapté culturellement et géographiquement. Cela signifie :

  • une évolution des gammes de produits proposés aux pays visés,
  • un partenariat avec un imprimeur local pour limiter les pollutions environnementales,
  • développer l’économie locale et une relation client apte à répondre aux sollicitations.

Le développement à l’international est prévu mais il faut débord développer et consolider la version française.

 9.Tout en restant dans le côté événementiel, l’application laisse entrevoir plusieurs idées d’offres de services, notamment dans le tourisme. Ta stratégie va-t-elle se développer dans ce sens ?

Comme évoqué, c’est une cible très intéressante car souvent en quête de nouveautés pour séduire et fidéliser ses clients. Les utilisations pourraient être variées. Un office de tourisme pourrait utiliser l’outil pour présenter les lieux d’intérêts de sa ville, de son département ou faire réagir les visiteurs sur ce qu’ils aiment dans la ville pour créer une carte d’anecdotes, d’émotions liées à un lieu. Les agences de voyages de tourisme organisé pourraient collecter des souvenirs d’un séjour et réaliser une carte pour l’imprimer sur des supports et les offrir aux participants en cadeau de fin de séjour.

 10.Aurais-tu une anecdote à nous raconter à propos de ton outil collaboratif ?

Dans le cadre de la collecte financière participative réalisée pour « Map your stories » sur la platefome « Kiss Kiss Bank Bank », j’ai collecté, auprès des participants, une phrase de leur choix et j’ai construit le plan de métro des contributeurs. Le fichier PDF généré a ainsi permis de mettre en valeur chaque donateur, et de montrer la diversité des profils car les phrases sont de tous styles et thématiques. Ce fichier PDF a ensuite été envoyé aux participants comme une des contreparties proposées.

J’ai présenté à « Kiss Kiss Bank Bank » cet usage qui d’après moi est un outil pratique pour les porteurs de projets pour animer leurs collectes et leurs communautés. La plateforme est très intéressée et m’a proposé de revenir vers eux dès que la version 1 sera réalisée afin de l’intégrer dans les services proposés à leurs clients.

 

 

Interview de Pablo SANTAMARIA

samedi, mars 21st, 2015

Connaissez-vous des entreprises qui utilisent quotidiennement le « Mind-mapping » dans toutes leurs activités ? Oui j’imagine … mais connaissez-vous des entrepreneurs qui développent des produits à base de « Mind-mapping » ? Peut-être moins. Entretien avec Pablo SANTAMARIA, chef d’entreprise et utilisateur averti de la cartographie mentale.

1. Qui est Pablo SANTAMARIA ?

A la sortie de l’Ecole Centrale, j’ai commencé ma carrière dans l’industrie pharmaceutique, en encadrant une équipe d’une trentaine de personnes qui géraient la maintenance d’une grande usine en province. Je suis entré ensuite dans le monde du conseil à l’époque des démarches Qualité Totale, avant la déferlante des normes ISO et des outils de reporting. Cela m’a permis de découvrir la puissance du travail en groupe, quelque soient les niveaux hiérarchiques des personnes concernées, à condition d’utiliser une méthode efficace. J’ai vite compris que les Nouvelles Technologies allaient permettre de faire travailler les personnes autrement et nous avons lancé FORMITEL en 1988 avec les premiers questionnaires en ligne – même si ce terme n’était pas utilisé à l’époque – sur Minitel.

2. Comment as-tu découvert le « Mind-mapping » ?

J’ai découvert le « Mind-mapping » en 2000, grâce à un ami consultant passionné qui m’a fait découvrir les premières versions du logiciel MindManager.

3. Dans le cadre de ton entreprise FORMITEL tu as développé une application très originale (IDEOTEST) utilisant le « Mind-mapping ». Peux-tu nous en dire quelques mots?

Depuis maintenant plus de 25 ans FORMITEL fait de la veille sur les Nouvelles Technologies de l’Information afin de trouver les meilleurs outils et méthodes qui permettront aux entreprises de réussir leurs projets de changement.

Le questionnaire interactif reste un de nos outils favoris. Or il se trouve que les questionnaires et les cartes d’idées sont deux familles d’objets très structurés. Les questionnaires sont constitués de parties, de libellés de questions et de modalités de réponses. Les cartes d’idées sont organisées avec des branches, des sous branches, des branches de niveau 2 etc.

Nous avons donc décidé, dès 2001, d’abandonner notre générateur historique pour utiliser des cartes d’idées pour concevoir nos questionnaires. Nous avons développé une interface permettant, à partir d’une simple cartes d’idées, de générer automatiquement le formulaire HTML présentant les questions mais aussi la requête permettant de créer la table des réponses dans une base de données SQL et même les calculs des scores pour rendre le questionnaire interactif et présenter son profil personnalisé à chaque participant.

4. Le produit « MindManager » est le seul à proposer la connexion avec une base de données. Pourquoi ne pas avoir utilisé cette fonctionnalité ?

A priori ses fonctionnalités permettent plutôt d’afficher des informations provenant d’une base de données. Dans notre cas il s’agissait de l’inverse : créer automatiquement une base de données à partir des informations contenues dans une carte.

Remarquons au passage que c’est s’éloigner un peu des règles de base du « Mind-mapping » que de produire des cartes à partir de bases de données externes. La société MindJet a cherché à se rapprocher des logiques de Microsoft, y compris en reprenant la logique du fameux ruban Office. Personnellement je trouve que l’on se perd vite dans ces rubans un peu complexes et que l’on n’a pas besoin d’autant de possibilités pour faire des cartes de qualité.

5. FORMITEL propose d’utiliser le « Mind-mapping » dans les réunions. Quel est ton retour d’expérience sur le sujet ?

Nos premières expériences d’utilisation du « Mind-mapping » en réunion étaient orientées vers la conception de questionnaires. Mais très vite nous nous sommes rendu compte que ces outils étaient utiles dans de très nombreux types de réunions. Ils représentent un gain de temps à la fois pour l’animateur et les participants puisque le compte rendu est disponible dès la fin de la réunion. Mais pour que les cartes d’idées ne soient pas utilisées à contre-emploi, il faut être très attentif aussi aux méthodes d’animation qui doivent accompagner leur usage. Nous avons d’ailleurs publié un livre sur ce sujet, qui présente les différentes méthodes génériques d’animation, avant de suggérer les meilleurs outils pour chacune d’entre elles.

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Une des difficultés pour faire bouger les choses reste que la plupart du temps les animateurs sont contents des diapositives qu’ils ont partagées et de leur prestation d’animateur. Nous avons donc pris de temps de concevoir un diagnostic interactif qui permet, en quelques minutes, de faire le point sur les progrès potentiels. Il est accessible librement sur http://formitel.net/diagmeet à titre individuel et il peut aussi être utilisé pour construire une vision collective des réunions dans une société, l’aider à préparer son plan d’actions.

6. J’ai rencontré dernièrement un utilisateur qui gère ses réunions professionnelles avec le « Mind-mapping ». Son souci concerne le compte-rendu qu’il est obligé de produire en version papier. Tenant compte de cette contrainte, quel conseil(s) pourrais-tu lui donner ?

S’il est obligé de diffuser au format papier c’est peut-être parce qu’il n’a pas fait le bon choix côté outil ? Même si l’ensemble de ses interlocuteurs ne disposent pas du même outil de « Mind-mapping » que lui, la plupart des outils proposent d’autres alternatives d’exportation sous forme de fichiers au format texte, PDF, HTML… Nous avons d’ailleurs chez FORMITEL conçu des interfaces avec certains outils de « Mind-mapping » pour exporter les cartes au format HTML en permettant les commentaires via un simple navigateur. Ainsi les travaux peuvent continuer, même après la phase de réunion présentielle.

7.Le site en ligne Biggerplate a publié une enquête (Cf. ci-dessous) sur la pyramide des âges des utilisateurs de « Mind-mapping ». En tant que spécialiste des enquêtes et des sondages que penses-tu de ces résultats ?

Biggerplate a surtout cherché, je pense, à animer sa propre communauté. C’est à priori une bonne idée de chercher à mieux connaître les « Mind-mappeurs ». Peut-être que cela aurait été intéressant de chercher à ouvrir l’enquête plus largement, y compris vers des personnes n’ayant jamais entendu parler du « Mind-mapping » ? C’est un peu ce que nous tentons avec le diagnostic en ligne sur les réunions que je viens d’évoquer mais le questionnaire aurait eu des objectifs tout à fait différents. J’avoue que j’ai été surpris par la pyramide des âges des répondants à l’enquête. J’ai du mal à croire que la tranche d’âge comportant le plus d’utilisateurs de cartes d’idées soit celle des plus de 50 ans, même si j’en fais partie.

STATS

Par ailleurs je ne sais pas comment est gérée la communauté Biggerplate mais j’ai aussi été surpris de voir que la nouvelle « community manager » choisie pour animer la branche française est une personne, certes jeune, mais ne connaissant pas le « Mind-mapping ».

8. Quels conseils peux-tu nous donner dans le cadre d’une préparation d’une enquête avec le « Mind-mapping » ?

Pas facile de répondre simplement à une telle question ! Je dirais surtout qu’il est important de préparer vos questionnaires en s’appuyant sur un vrai groupe de travail, de préparer les questions ensemble, plutôt que de faire tourner un document Word que chacun complète de son côté. Et, pour ce travail de groupe, je ne vois pas meilleure alternative que les cartes d’idées !

9. Y-a-t-il d’autres domaines dans ton entreprise qui utilisent le « Mind-mapping » ?

Tu aurais pu poser la question dans l’autre sens ! Quels sont les domaines dans lesquels nous n’utilisons pas le « Mind-mapping » ? La réponse aurait été plus rapide : la gestion (paye, comptabilité), le CRM (historique de nos contacts clients) et le codage (pas possible d’écrire un programme java via une carte d’idées). Sinon le « Mind-mapping » est partout : réflexion stratégique, recrutement, veille concurrentielle, pilotage de chacun de nos projets avec compte-rendu des réunions chez nos clients mais aussi carte techniques pour la partie back-office, etc.

10. Après plus d’une décade d’utilisation de cette méthode, pour toi qu’est-ce que le « Mind-mapping » ?

C’est devenu un outil dont j’aurais beaucoup de mal à me passer ! Je suis content de voir que, comme moi, de nombreuses personnes l’utilisent à titre individuel. Par contre je reste sur ma faim concernant les utilisations collectives, moins fréquentes et parfois maladroites, voire contre productives, lorsque l’animateur ne respecte pas la dynamique du groupe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Interview de Pierre MONGIN

dimanche, janvier 18th, 2015

 

A l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage « Manager avec le Concept-Mapping », qui reste une première dans le domaine, nous sommes allés interviewer Pierre MONGIN. Spécialiste du management visuel de l’information, Pierre surprend  par son éclectisme et semble toujours innover en prenant une longueur d’avance : Mind-mapping(2003), Kanban personnel (2013), et Concept-mapping (2014).

1.Qui est Pierre MONGIN?

Après avoir été directeur d’un office d’HLM, qui construisait à l’époque 1000 logements par an, je suis entré au CNFPT qui m’a envoyé en formation en DESS de consultant de la Fonction Publique. Mon mémoire de stage, édité en 1995 sous le titre Territoires et réseaux d’informations aux éditions du CNFPT, est le premier de la série de mes 15 ouvrages sur le management visuel de l’information. Cela m’a valu des missions à l’étranger de réorganisations de collectivités et en particulier en Colombie où j’ai découvert le « Mind-mapping ».

2.Comment les aventures du management visuel de l’information, et du « Mind-mapping » en particulier, ont-elles commencé ?

Face à des situations difficiles de gestion des collectivités en Colombie, le CNFPT avait été sollicité pour aider la mairie de Bogota. C’est grâce en partie au management visuel de l’information que nous avons pu apporter une aide qui s’est révélée concluante. Cette expérience m’a conduit à approfondir cette pratique dans l’exercice de mon enseignement en tant que professeur associé à l’Université de Lille1 au département Géographie durant 15 ans où j’ai formé des centaines d’étudiants à la cartographie visuelle. Ma formation a été celle d’un chercheur s’enrichissant de mes essais et de mes erreurs.

Cette passion du sujet m’a progressivement amené à partager mes connaissances auprès d’un plus vaste public. Je me suis donc lancé dans l’écriture d’ouvrages sur le management visuel de l’information pour en montrer la pertinence.

3.Tu as été un contributeur d’un livre initiateur : « organisez vos idées avec le Mind-mapping ». Comment est née cette idée ?

Au départ nous ne nous connaissions pas, mais quand Internet a commencé à se développer à la fin des années 90, quelques passionnés ont échangé sur le « Mind-mapping ». Un site pionnier www.petillant.com, développé par Jean-Luc Deladriére, a commencé à collecter et à diffuser des cartes mentales ou heuristiques. De là est née ma rencontre avec Frédéric Le Bihan, Denis Rebaud, et Jean-luc.

Notre ouvrage collectif « Organisez vos idées avec le Mind-mapping », pionnier en francophonie en 2003, en est maintenant à sa 3ième édition. C’est aujourd’hui un best-seller traduit en japonais, coréen, espagnol et vietnamien.

4.Avec la sortie de ton dernier livre : « Managez avec le Concept Mapping » tu réalises une première en France et même en Europe car il existe très peu d’ouvrages sur le sujet dans le monde. Qu’est-ce que tu veux transmettre comme message(s) ?

Premièrement précisons que le « Concept-mapping », qui donne lieu à la création de cartes conceptuelles, s’inscrit dans la continuité du « Mind- mapping ». Il apporte cependant une dimension nouvelle en mimant encore plus la manière de fonctionner de notre cerveau en réseaux interconnectés. Les cartes peuvent représenter des connaissances conceptuelles, des connaissances de contenus (annotations, textes, graphiques) mais aussi des connaissances de ressources sur un sujet (sites web, documents multimédia). Elles s’expriment sous forme de concepts interconnectés et multi-centres à la différence de la représentation radiale de la carte mentale mono-centre. On peut alors représenter tout système sous une forme lisible en voyant les flux, les interactions, etc.

Deuxièmement, en délivrant un message immédiat et visuel, les cartes conceptuelles sont un superbe outil pour tous les travailleurs du savoir  : les managers, les pédagogues, les enseignants, les étudiants, etc. Elles permettent de :

  • Organiser des réunions productives en soutenant la mémoire
  • Favoriser la créativité et la réflexion individuelles et collectives
  • Passer de l’information à la connaissance
  • Clarifier et modéliser ses idées et sa vision stratégique
  • Dynamiser et renforcer l’efficacité de son équipe
  • Apprendre à apprendre

Troisièmement il y avait des manques dans ce domaine. En effet, utilisateur régulier du logiciel libre et francisé « Cmaptools », on me demandait toujours son mode d’emploi mais aussi des modèles comme la matrice de Porter, le « Business model » et bien d’autres encore…Je les ai donc inclus dans l’ouvrage avec comme objectif de faire gagner du temps aux lecteurs.

Pour finir j’ai voulu que ce livre soit très pragmatique. Dans ce sens les enseignants y trouveront 45 pages d’utilisations pratiques sur organiser un cours par exemple en réunissant des données multimédia. Tant il est vrai que le savoir est maintenant disponible sous diverses formes numériques et que les enseignants voient leurs rôles se modifier pour apprendre à apprendre à leurs étudiants.

5.Quelles différences y-a-t- il entre une carte mentale et une carte conceptuelle ?

Bien que je l’explique clairement dans l’ouvrage, un article sur le web l’explique parfaitement : www.petillant.com/Comprendre-le-Concept-Mapping

RESEAUX

6.Peux-tu nous donner des exemples de domaines, ou de situations, qui peuvent faire l’objet de cartes conceptuelles et non de cartes mentales ?

Les exemples pratiques sont nombreux : création d’un service qualité dans une entreprise, visualisation de processus, etc. Un de mes clients a même édité sur plusieurs mètres carrés sa « supply chain ».

CMAP_CRT_QUALITE

Si l’on veut comprendre : les systèmes dans une entreprise, la diffusion d’un produit ou d’un service, le raisonnement linéaire, etc. voir radiant uniquement n’est plus suffisant pour représenter graphiquement la complexité. Quand les mots et les chiffres ne suffisent plus pour communiquer, les cartes conceptuelles par leurs richesses de représentation, de « forage » dans les connaissances (voir leurs nœuds imbriqués) dévoilent progressivement de nouvelles couches de connaissances. En termes de communication à mi-chemin entre Powerpoint et Prezi, elles apportent un réel bénéfice en gardant présent la structure et en dévoilant successivement les détails sur autant de niveaux que nécessaires.

7.En terme d’apprentissage, à partir de quel âge peut-on utiliser les cartes conceptuelles ?

 A partir de la 6iéme, i.e. 10 – 11 ans, les élèves ont déjà conscience de la manière dont fonctionne un système. Même avant d’ailleurs, le meilleur exemple est celui d’un sac plastique rempli d’eau accroché à la fenêtre d’une école maternelle. Ils sont capables de t’expliquer le cycle de l’eau qui s’évapore puis retourne en liquide. Pour expliquer ce cycle, j’ai vu des élèves de grande section de maternelle faire des pseudo-cartes conceptuelles, c’est-à-dire avec des dessins et des flèches.

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8.Ton livre donne le sentiment que tu aurais pu aller un peu plus loin. Est-ce une volonté de ta part d’avoir bridé cette première édition ?

Le champ du « Concept-mapping » est vaste. Pour éviter d’embrasser trop de domaines j’ai fait le choix de la pédagogie au travers d’un livre opérationnel, i.e. Basé sur du concret. J’ai aussi choisi un format qui respecte notre champ visuel en optant pour un format paysage (16/9iéme) et tout en couleurs, ce qui est exceptionnel pour un livre de management. Ses nombreuses illustrations en font un outil facile d’accès sans vouloir rentrer dans l’explication détaillée de la complexité. Il est cohérent avec son message sur le management visuel de l’information.

9.Dans le cadre de ton association « Mind-mapping pour tous » tu animes des ateliers de « Mind-mapping » et de « Concept-mapping » à Marcq-en-Baroeul dans le Nord. De quoi cela traite –il et quel est le public visé ?

 Les ateliers que je donne, avec quelques membres de l’association (créée en 2008), visent à offrir aux personnes qui le souhaitent l’accès à la découverte du management visuel de l’information. Cela concerne aussi bien les chefs d’entreprise, les professeurs, les élèves de primaire ou les étudiants. Ces séances donnent lieu à des synergies étonnantes. Par exemple pour deux étudiantes réalisant un mémoire sur le « Mind-mapping » et la dyslexie, les membres ont fait des recherches pour leur apporter des points de vue différents et enrichir leurs réflexions.

10.As-tu d’autres projets pour 2015 ?

 Cette année commence avec la livraison prochaine de la seconde édition du Petit manuel d’intelligence économique actuellement en cours de traduction en 5 langues dans lequel les cartes conceptuelles auront évidemment leur place.

Par ailleurs, le 30 Janvier prochain, j’animerai sur Paris, en collaboration avec Philippe Boukobza, un atelier sur « Manager avec le Concept-Mapping ».  Renseignements

 

Pour en savoir plus vous pouvez consulter le blog de Pierre MONGIN : ici

L’insupportable ramassis de cartes poubelles sur le net

samedi, septembre 13th, 2014

INTRODUCTION
Force est de constater que le « Mind-mapping » se vulgarise de plus en plus. D’une part à travers la parution d’ouvrages exploitant cette démarche dans moult domaines (Gestion de projets, créativité, formation, etc.), d’autre part via l’accroissement de cartes mises à disposition dans les bibliothèques en ligne. Tout cela est fort encourageant et indique clairement que le domaine trouve enfin un écho tant il est riche de possibilités.
Ce qui l’est moins ce sont les dérives observées dans la réalisation de certaines cartes et modèles, dont le contenu (Les informations) et le contenant (Les éléments de structuration de la carte) sont, à des degrés variables, mal construits, inexploitables, et présentant de ce fait peu d’intérêt. Ce « cimetière de cartes » favorise malheureusement la critique et fait place aux détracteurs du « Mind-mapping » qui voient là une bonne occasion de dénigrer ce domaine dont la finalité est de permettre l’émergence d’une conscience nouvelle[1]. En fait, et pour être honnête, nous assistons à une véritable poubellisation de cartes mentales sur internet !
Pour autant que le lecteur ne se méprenne pas en pensant que je vais me présenter comme parangon de vertu et jeter l’opprobre sur les « vilains » créateurs de cartes. Comme nous le verrons, il s’agit moins de pointer du doigt des personnes ou des organismes, que de comprendre le processus qui amène à ce résultat. Cependant force est de reconnaître que la tâche est délicate car le « Mind-mapping », et c’est bien là une de ses faiblesses, n’a pas encore de cadre établi et reconnu[2]. Il importe donc d’en poser un : celui de mes recherches, qui se fonde sur l’analogie neurone/carte[3]. C’est dans ce contexte que j’introduirai quelques éléments de méthodologie facilitant la publication.

QUELQUES RAPPELS UTILES
De mon point de vue la carte s’inscrit dans une triple dimension :
• L’esprit de la carte : une des 6 intentions de base (Cf. ci-dessous).
• L’âme de la carte : l’émotion qui émane de sa réalisation.
• Le corps de la carte : son contenu et son contenant.

Les 6 intentions de base d’une carte

Quel que soit le contexte une carte mentale est toujours créée dans un but précis et pour un public cible (Soi ou les autres). Stocker des informations personnelles dans une carte n’a pas la même finalité que réfléchir à trouver une solution sous forme d’arbre de décision. De même préparer un projet professionnel n’a pas le même objectif qu’une séance de brainstorming. Bien que les résultats soient identiques, i.e. qu’ils se traduisent en fin de compte par la création d’une carte, les finalités diffèrent. Il convient donc, avant de commencer une carte, de se poser la question de l’intention : « Qu’est-ce que j’ai envie de faire ? ». Nous en avons identifié six[4] :
• La carte à vivre, ou carte mémo, est une carte pratique résultant de la collecte d’informations issues de nos activités quotidiennes. Elle permet d’éviter de rechercher toujours les mêmes informations.
• La carte à penser implique un processus de réflexion, individuel ou collectif, visant à faire émerger une vision d’ensemble autour d’un thème donné.
• La carte à communiquer est une carte qui véhicule des informations à destination d’un individu ou d’un groupe.
• La carte à construire s’inscrit dans la perspective de la réalisation d’un projet.
• La carte à apprendre est constituée d’un savoir formalisé, en association avec un ou plusieurs domaines connexes. Pour soi-même ou à destination d’un groupe d’individus, elle a comme but de favoriser l’apprentissage en permettant l’acquisition de nouveaux comportements.
• La carte à soigner est une carte permettant d’apporter un mieux-être psychologique individuel et/ou collectif.

L’émotionnel d’une carte : son Âme

L’émotion, dans la création d’une carte, est une dimension indispensable car elle est un élément important du processus de mémorisation[5]. De ce fait la carte, ou un groupe de cartes doit :
• interpeller nos sensations en donnant du plaisir,
• interroger nos perceptions visuelles,
• être un enjeu émotionnel pour soi et les autres,
• être un espace ludique et rythmé (Alternance de couleurs, de fontes, d’images, d’icônes). Il s’agit ici d’un espace de jeu ou de « JE ».
Réaliser des cartes qui font émerger une émotion est peut-être la chose la plus difficile qui s’apprend avec le temps et la maturité du sujet. Mais toutes les cartes ont-elles vocation à véhiculer une émotion ? Certes non ! C’est pour cela que dans certains cas[6], nous proposons dans nos formations une technique assez simple qui consiste à associer à la carte : un événement plaisant, une musique, une couleur, un parfum, etc. pour mieux la mémoriser. Par exemple, dans le cadre de l’apprentissage d’un poème, que j’ai synthétisé sous forme de carte, je peux y associer visuellement le plaisir d’avoir partagé les félicitations de mes parents quand je l’ai récité. Je peux aussi associer à chaque pièce de ma maison une carte particulière.

LES PRINCIPAUX CONSTATS

Les premiers constats[7], portant sur la réalisation et la mise à disposition de cartes mentales laissent pantois dans la compréhension du Mind-mapping. Cela indépendamment : du nombre de vues, de téléchargements opérés, ou de l’expertise des acteurs.
Mon analyse s’est focalisée sur 2 axes : le contenu (L’information, les connaissances véhiculées par la carte) et le contenant (Les règles et les éléments graphiques de structuration de la carte).

A propos du contenu (Informations, connaissances)
• Manque d’explication(s) sur le contexte de la création de la carte (Intérêt de la carte)
• Non identification du ou des publics cibles (Les lecteurs)
• Connaissances insuffisantes ne permettant pas de couvrir le sujet et/ou de le comprendre
• Pas, ou peu, d’informations donnant envie d’aller plus loin (Liens web, livres, etc.)
• Informations de base manquantes (Date, version, auteur, …)[8].
• Promotion marketing inexistante (Valoriser la carte, son offre de services, etc.)
• Expérience de l’auteur, sur le sujet traité, pas toujours apparente
• Cartes souvent isolées dans leur thématique (Non reliées à d’autres)[9]
Bien entendu tous ces points n’ont pas systématiquement vocation à se retrouver dans une carte, ou un modèle, mais doivent être adaptés en fonction du thème et du public cible.

A propos du contenant (Les règles et les éléments graphiques de structuration de la carte)
• Les règles de base (Cf. Buzan) sont parfois ignorées
• L’utilisation de phrases à la place de mots clés est encore trop fréquente[10]
• Le centre de la carte n’est pas assez marqué : manque de lisibilité, manque de relief.
• On trouve encore des liens mentaux sans libellés (Au lecteur de faire la connexion !)
• Trop de niveaux arborescents rendent la carte illisible
• L’impression de la carte est peu, ou pas, prise en compte
• Le choix de la structure (Etoile, organigramme, arbre, etc.) n’est pas pertinent par rapport au message[11] (Optimisation de l’espace)
• Dans certaines cartes tous les mots clés sont entourés[12]
• Les branches sont droites[13]
• La légende d’une carte reste un élément peu utilisé et très mal compris
• L’équilibre entre l’image et le texte laisse parfois à désirer
• Les logiciels utilisés sont souvent mal maîtrisés
• Le travail sur le rendu visuel reste encore insuffisant dans de nombreux exemples
• La recherche graphique (Couleurs, icônes, fontes, etc.) est parfois inexistante[14]
• Etc.
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive et n’a pas prétention à l’être. Cependant je reste estomaqué par l’inutilité de certaines cartes, ou modèles, qui peuvent cumuler beaucoup des points évoqués ci-dessus. On pourrait presque résumer cette partie par une citation de Benoît Delvaux « J’ai inséré plein d’images, j’ai bien décoré ma carte … merci petit Jésus ! ».

La pratique de la cartographie mentale me montre que créer ou lire une carte génère du plaisir. Je l’éprouve lors de chaque nouvelle création. D’ailleurs c’est ce qui fait le succès de cette démarche. Cependant cela nécessite un minimum de travail qui, en cas d’insuffisance, appauvrira la carte avec des conséquences en termes d’impact[15].

LES PIEGES DE LA PUBLICATION
Rappelons que les cartes publiées sur le web sont ce que j’appelle des cartes à communiquer i.e. des cartes à destination d’un individu ou d’un groupe. Dans ce sens, il y a trois pièges qui guettent toute publication :
Le premier est de croire que le lecteur de la carte comprendra facilement ce que l’auteur a voulu dire. En général ce manque d’expérience du sujet s’atténue avec la pratique. En effet, créer une carte ou la faire lire à quelqu’un d’autre ne produit pas toujours les mêmes effets notamment en termes d’apprentissage. Parfois l’effet escompté peut être à l’opposé de celui imaginé si le créateur et le lecteur ne partagent pas le même référentiel (Contexte, culture, valeurs, etc.).
Le second piège est un peu corollaire au premier dans le sens ou une carte à communiquer sera plus chronophage en fonction de la cible. Par exemple si je décide de créer une carte de mon CV, cela m’obligera à plus de créativité et de temps pour tenir compte du type de lecteur. Il semble clair que la majorité des cartes mentales publiées sur le net n’ont pas été conçues en fonction d’un type de public.
Le troisième reste ici un manque de compréhension de ce que nous appelons l’esprit d’une carte. Penser qu’une carte créée avec une certaine intention peut se transposer systématiquement dans une autre brouille le message. Par exemple mettre à disposition sur le web une carte mémo ne la transformera pas instantanément en carte à communiquer. De ce fait le résultat paraitra brouillon et inintéressant !

Publier sur internet une carte[16] dont l’intention n’était pas celle d’une carte à communiquer est donc une perversion[17].

QUELQUES EXEMPLES

Les exemples de cartes sur le web ne manquent pas. Cependant ils sont délicats à pointer du doigt car le ou les auteurs peuvent se sentir offensés par les critiques. Il me semble ici essentiel de respecter une certaine éthique[18] où l’expertise individuelle permet la progression de la communauté.
Pour sortir du paradoxe, décrire et critiquer vs éthique et pédagogie, il est important de comprendre les contextes dans lesquels les cartes ont été réalisées.
Pour les auteurs, publier une création reste un acte de partage que nous saluons, car il peut permettre à une carte, comme le Phénix, de « renaitre de ses cendres ». Autrement dit d’être le point de départ d’une autre carte. C’est à mon sens tout l’enjeu des bibliothèques en lignes. Par ailleurs tous les auteurs ne sont pas au fait de mes publications et peuvent à juste titre ne pas connaître ou ne pas partager mes points de vue.
Dans les différentes analyses qui suivent j’ai fait le choix de les interpréter à partir du cadre déjà cité. Bien entendu le lecteur est en droit d’utiliser d’autres filtres.

La carte N° 1 : une carte incompréhensible[19]

EXTERN_0001

 

Cette carte est très intéressante car elle cumule, à mon sens, de nombreux « défauts ». Nous pouvons observer que :
• Le centre est inexistant[20]. De ce fait le thème reste à l’initiative du lecteur.
• Les règles de base (Cf. Tony Buzan) sont peu respectées.
– Des phrases au lieu de mots clés
– Les mots clés de 1er niveau ont des tailles de polices différentes
– Différenciations des branches (Couleurs, mises en perspectives, etc.)
• Il n’y a aucune légende, ce qui ne facilite pas sa compréhension.
• L’intention de cette carte n’est pas très claire.
• La recherche graphique et l’émotionnel associé sont inexistants.
On peut penser que l’auteur a publié une de ses cartes mémo.

La carte N° 2 : L’information dans son plus simple appareil[21]

TOP5_Jobs_From_Best_To_Worst

Quoique cette carte soit quelque peu déconcertante, son analyse reste relativement simple.
• Le centre est sous-dimensionné par rapport à son environnement.
• Les branches ne sont pas très visibles
• Les tailles des icônes sont trop importantes
• La taille de la police de caractère est aléatoire.
• Le contenu de la carte est très limité (Faiblesse du champ lexical)
• La recherche graphique est inexpressive (Couleurs, relief, etc.)
• L’intention de l’auteur dans le partage de cette carte n’est pas très claire !
Malgré quelques liens hypertextes qui permettent de rebondir sur des sites, on peut se poser la question de l’intérêt de cette carte face à un pareil dénuement ?

Il est à noter que la bibliothèque en ligne, dont cette carte est extraite, ajoute quelques informations complémentaires (Mots-clés, date, etc.). Malheureusement, une fois la carte téléchargée, toutes les informations du site sont perdues car non contenues dans la carte.

La carte N° 3 : Surcharge d’informations[22] (Trop d’information tue l’information)

PROCESS_COM

A l’opposé de la précédente voilà une carte avec du contenu. On pourra quand même noter que :
• Le principe d’un mot par branche n’est pas respecté !
• Le centre n’est pas assez marqué.
• La diminution de la taille de la fonte est trop importante (Manque de lisibilité)
• Les branches sont droites[23]
• Les grands pavés en couleur diminuent la perception de l’information.
• Le manque de légende est patent
• En sus du lien central, des informations complémentaires auraient été utiles.
• Les informations générales sur la carte sont manquantes (Date, version, auteur)
Il est quand même dommage que des informations complémentaires sur le sujet n’aient pas été insérées dans les différents mots-clés sous forme de notes.

Par ailleurs cette réalisation aurait pu être l’occasion d’utiliser le « Méta-centre »[24] d’une carte en augmentant les associations entre mots clés. Par exemple, on aurait pu imaginer un thème générique : le « Process Com » concrétisé par une carte comprenant les mots-clés suivants :
• historique,
• les principes,
• les types (De personnalités),
• des références, etc.

Le thème « Les types » aurait ainsi donné lieu à la réalisation décrite ci-dessus. En général on ne crée pas de carte supplémentaire avec le « Méta-centre ». On cherche juste à imaginer mentalement une autre carte de plus haut niveau pour la mentionner dans la carte. L’intérêt de cet exercice est de saisir toutes les occasions pour faire du lien.

Précisons rapidement deux autres catégories de « réalisations » qui ont retenues toute mon attention :
Les cartes mixtes : i.e. des cartes à mi-chemin entre les cartes mentales et le dessin. Ces cartes[25], que l’on peut malheureusement trouver dans des bibliothèques en ligne, n’ont absolument pas leur place au sein d’un référentiel de « Mind-mapping » se revendiquant en tant que tel !
Les modèles de cartes non détaillés : mettre à disposition un modèle sans explications sur son utilisation revient à faire un cadeau limité à son emballage !

PUBLIER UNE CARTE
Face à ces constats le lecteur est en droit de s’interroger : « existe-t-il une méthodologie permettant de s’assurer qu’une carte présente les caractéristiques minimum pour être mise à disposition sur internet ?
La question est cruciale mais ce serait passer sous silence d’autres interrogations toutes aussi pertinentes :
• A quel public est destinée ma carte ? (Métier(s), âge, etc.)
• Pourquoi mettre à disposition ma ou mes réalisations ?
• Quels sont les buts visés dans cette publication ? (Bénéfices, valeurs, etc.)
Dans la perspective d’une publication, ces questions constituent, de notre point de vue, le fil directeur de toute création de carte.

En pratique le lecteur tirerait avantage d’utiliser les différents constats établis ci-dessus (Contenu, contenant). De plus :
• La plupart des logiciels de « Mind-mapping » ont la possibilité d’insérer des notes dans les mots-clés. Cela permet un vaste champ d’expression pour éclairer le lecteur sur la signification ou l’utilisation potentielle de la carte mentale.
• La légende est aussi un élément graphique qui peut contenir :
– du texte,
– de la vidéo,
– du son,
– des images,
– des liens hypertextes, etc.
Je me permets d’insister sur le fait que la légende d’une carte est vraiment l’endroit idoine pour faire de la promotion marketing. Par exemple, rester en contact avec les lecteurs afin qu’il puisse : donner leur avis, échanger, etc.[26]
• Dans le cas de modèles, des exemples et des retours d’expériences pourraient valoriser la carte et son utilité.
Pour encapsuler notre point de vue, nous proposons au lecteur un canevas méthodologique en 4 étapes, destiné à la publication de cartes et de modèles :

Etape 1 : se questionner
– A qui vais-je m’adresser ? (Mes lecteurs)
– Qu’est-ce que je souhaite fournir comme informations ?
– Une réalisation similaire ou proche existe-t-elle déjà sur le net ?
– Pourquoi je souhaite publier une carte ou un modèle ?
– Quels seront les bénéfices ?
Etape 2 : créer
– Ma carte est-elle lisible ?
– Le sujet est-il suffisamment documenté ?
– Y-a-t-il des exemples ?
– Puis-je ajouter d’autres informations ?
Etape 3 : vérifier et vendre
– Ma réalisation présente-t-elle un intérêt pour être partagée ?
– Ai-je ajouté une légende ?
– Me suis-je présenté ?
Etape 4 : publier (Informations à mettre sur le site)
– Ma carte est-elle destinée à être imprimée ?
– D’autres informations seraient-elles utiles aux lecteurs ?

Bien-entendu le lecteur peut revisiter notre proposition suivant ses propres convenances. Toutefois ce canevas a le mérite de prendre en compte l’état d’esprit dans lequel se placer quand on souhaite publier. Il serait pertinent de le conserver.

CONCLUSIONS
Nous conclurons cet article par quatre remarques :

Premièrement, rappelons que l’objectif de mes recherches consiste à travailler sur l’analogie neurone/carte. C’est à partir de ce cadre que j’ai proposé aux lecteurs une réflexion sur la publication de cartes, et de modèles, sur internet mais aussi, on l’aura compris, de manière plus générale de se poser la question de la carte à communiquer et des enjeux qu’elle véhicule. Dans ce sens, j’ai parfaitement conscience de n’avoir qu’effleurer le sujet.

Deuxièmement cette critique constructive des cartes m’oblige à prendre une position ferme, au regard de tous les bénéfices que la cartographie mentale apporte. Et d’ailleurs mes propres réalisations peuvent être critiquables. « La carte parfaite » n’existe pas, seul demeure un juste positionnement, sans concessions, de toujours revisiter nos publications de cartes et de modèles dans un perpétuel souci d’amélioration. Enfin telle est ma philosophie.

Troisièmement je fais une différence claire entre un site à vocation marketing et une « bibliothèque en ligne ». Personnellement dans une bibliothèque je m’attends à trouver des connaissances, des documents réfléchis, des études, etc. Certes tous les livres ne se « valent » pas, mais tous ont un contenu. Dans ce sens il me semble important de suggérer à tous ces sites de bibliothèques de cartes, de mettre à disposition quelques recommandations à destination des internautes afin de les aider dans leurs publications. Je n’ai malheureusement pas de statistiques, mais les cartes les plus consultées[27] de certains sites m’interpellent par leur incomplétude ! Que dire alors des milliers d’autres ?

Et enfin il peut être tentant pour un internaute de faire une carte et la publier dans la foulée. Cela est bien dommage ! Car, outre les dysfonctionnements que cette démarche opère, il rate une occasion de faire du lien, ce qui est quand même la philosophie du « Mind-mapping ». Nous savons tous à quel point la relation à l’autre est difficile, car elle impose de se retrouver sur un même territoire, d’avoir les mêmes références pour échanger. La carte est justement cet espace des « JE » où le créateur et le lecteur peuvent se rencontrer. Pourquoi s’en priver ? Pourquoi ne pas investir dans un peu plus de méthodologie et de temps pour transformer la virtualité du lien web en quelque chose de concret : le plaisir du lecteur ?

WEBOGRAPHIE
On pourra consulter aussi avec intérêt l’ebook de Hans Buskes & Philippe Packu sur le même thème.

REMERCIEMENTS
• Philippe PACKU pour nos nombreux échanges sur ce thème.
• Isabelle CHICOT dont la perspicacité et l’à-propos dans sa relecture m’ont été très précieux.

[1] Individuelle ou collective suivant le contexte
[2] Il y a souvent confusion entre liberté d’expression graphique, et méthodologie qui suppose quelques contraintes. Trop de liberté ou trop de contraintes méthodologiques nuisent au « Mind-mapping ». Créer une carte c’est trouver ce juste équilibre entre les deux.
[3] Pour plus d’informations nous renvoyons le lecteur vers notre publication, gracieusement mise à disposition sur internet : ici
[4] Cf. notre publication.
[5] Nous touchons ici la notion du « par coeur », i.e. ce qui touche le cœur et non ce qui touche au savoir ingurgité sans plaisir.
[6] Les cartes mémo par exemples.
[7] Notre source concerne une bibliothèque de cartes en ligne sur le web. Nous supposons, aux vues des milliers de cartes référencées que les mêmes constats peuvent être faits ailleurs.
[8] Nous dissocions notre propos des noms d’emprunts et des dates indiqués sur les sites.
[9] Il est important de pouvoir relier, même virtuellement, une carte à un groupe de cartes. Une caractéristique du cerveau est de créer des catégories pour mieux structurer l’information.
[10] En « Mind-mapping » le principe d’unicité du mot- clé est intangible. Cependant, et sous réserve d’en expliquer les raisons, il est possible de créer des cartes où les phrases remplacent les mots-clés. C’est dans ce sens que nous avons développé un nouveau type de carte appelé : « Méta-document intelligent » basé uniquement sur des questions.
[11] La carte risque ainsi d’être déséquilibrée et de perdre en pertinence.
[12] Il ne s’agit plus de « Mind-mapping » mais d’une autre technique appelée : « Webbing » ou carte « Cluster ».
[13] Cela n’est pas vraiment interdit. Cependant, dans la nature, la forme courbe est privilégiée. De plus il peut y avoir des confusions avec des « Spyder maps ».
[14] Cette partie peut jouer un rôle très important dans le fait de susciter une émotion.
[15] En termes de compréhension et de perceptions visuelles consciente et inconsciente, car la carte reste un média qui peut véhiculer des messages inconscients.
[16] Cela marche aussi pour les modèles de cartes.
[17] Dans le sens où la carte a été détournée de sa vraie nature.
[18] Partage, pédagogie et principe d’équivalence.
[19] Cette carte est l’œuvre d’un expert en « Mind-mapping ». Elle a été récupérée sur son blog. Elle reste isolée en tant que telle et ne saurait jeter le discrédit sur l’auteur, ni sur ses compétences dans le domaine.
[20] Peut-on encore parler de carte mentale ?
[21] Cette carte a été récupérée sur le site web d’une bibliothèque de cartes. Elle reste isolée en tant que telle et ne saurait jeter le discrédit sur l’auteur, ni sur ses compétences dans le domaine.
[22] Cette carte a été récupérée sur le site web d’une bibliothèque de cartes. Elle reste isolée en tant que telle et ne saurait jeter le discrédit sur l’auteur, ni sur ses compétences dans le domaine.
[23] Comme nous l’avons vu cela n’est pas un interdit en soi mais au détriment de l’esthétique.
[24] Nous posons comme axiome que toute carte mentale est elle-même un mot-clef d’une ou plusieurs autres cartes de plus haut niveau (Méta-cartes).
[25] Nous ne portons aucun jugement sur ce type de réalisation. Il s’agit ici de séparer le bon grain de l’ivraie.
[26] Le « Mind-mapping » reste une opportunité de faire du lien !
[27] Certains sites classent les cartes les plus consultées dans une catégorie appelée « top-ten ».

Cet article est disponible au format PDF : CARTES_POUBELLES_V2.4

Interview de Xavier DELENGAIGNE

mardi, mai 14th, 2013

Auteur bien connu dans le domaine du « Mind-mapping » et du management de l’information, Xavier DELENGAIGNE vie une passion  dans l’écriture. A l’occasion de la sortie de son dernier livre  « Organisez votre temps avec le Mind-mapping »

Il nous livre ici quelques confidences ….

1. Qui est Xavier DELENGAIGNE ?

En phase avec les nouveaux modes de fonctionnement de notre société, Xavier Delengaigne fait partie des « slash people ». Il cumule 4 activités pour assouvir ses nombreux centres d’intérêt :

  • Formateur/conférencier.
  • Consultant.
  • Auteur.
  • Rédacteur.

Licencié en économie et maître en droit, il a suivi la révolution numérique pour poursuivre une carrière de Directeur des Systèmes d’Information pendant 10 ans. Passionné par l’apprentissage, il anime désormais des formations et des conférences.
Xavier Delengaigne s’est spécialisé principalement autour de deux domaines :

  • L’expression visuelle des idées. Son crédo ? Un dessin vaut 1000 mots ! Il accompagne ainsi ses clients à visualiser leurs pensées pour agir.
  • Le management de l’information.

Lors de ces formations, il apprend notamment à ses stagiaires comment lutter contre « l’infobésité » (Ce trop plein d’informations).

A ce jour, il intervient essentiellement pour des organismes de la fonction publique française (CNFPT, IRA, URFIST) pour former notamment les cadres et les chercheurs.
Il partage régulièrement son expérience par des :

  •  Articles :  Il rédige régulièrement des articles pour la presse papier et web : Archimag, la lettre du cadre territorial, etc.
  • Livres.

Véritable boulimique d’écriture, il est l’auteur et/ou le coauteur de 12 livres (Cf. la liste des ouvrages) dans les domaines tels que

  • L’expression visuelle.
  • Le management de l’information.
  • La communication web.

 2.Comment as-tu découvert le « Mind-mapping » ?

J’ai découvert le « Mind-mapping » par (un heureux) hasard sur internet. Emballé par les propos dithyrambiques des utilisateurs, je me suis lancé dans cette méthode prometteuse. Toutefois, j’ai abandonné au bout d’une semaine : déçu notamment par mes piètres talents artistiques…Quelque temps plus tard, lors d’un stage Lecture efficace, le formateur nous a montré une forme graphique présentée comme une carte mentale (en fait, ce n’était pas du « Mind-mapping », cela ressemblait à une « spidermap« ). Je me suis de nouveau investi dans le « Mind-mapping » mais cette fois ci via un logiciel. Débarrassé du coté dessin manuel, j’ai progressé beaucoup plus vite. Maintenant, je connais l’importance des cartes manuelles et j’en pratique souvent même si mon talent de dessinateur a peu progressé….Enfin, j’ai eu la chance par la suite d’assister à une formation « Mind Mapping ». Elle m’a permis notamment de comprendre pourquoi la carte fonctionnait (Le fameux trio : cerveau/mémoire/créativité). Depuis lors, je pratique la carte à toutes les sauces !

3.Qu’est-ce que cela t’as apporté ?

Comme tous les créatifs, J’ai une fâcheuse tendance à m’éparpiller. la carte a permis de mettre de l’ordre dans mes idées et de les clarifier. Avec le temps, je me suis aperçu également que la carte me rendait plus créatif en effet comme l’a remarqué justement Mc Luhan, l’outil façonne notre pensée.

4.Depuis quelques années tu écris des livres dont 4 publiés sur le thème du « Mind-mapping ». Qu’est-ce qui te motive autant ?

J’ai plusieurs motivations :

  • Partager et échanger avec mes lecteurs car c’est une incroyable source d’enrichissement réciproque.
  • Digérer le trop plein d’informations accumulées, car écrire me permet de poser mes idées pour y voir plus clair.
  • Favoriser la diffusion du « Mind-mapping » car c’est réellement un puissant outil de gestion de l’information.

5. Ton dernier ouvrage vient de sortir, quel message souhaites-tu adresser au public ?

Le livre aborde la gestion du temps par le prisme de l’individu. En effet, nous sommes tous différents, nous avons donc besoin d’outils différents pour gérer notre temps. Le « Mind-mapping » offre la souplesse nécessaire pour s’adapter à la plupart des profils. Ce livre a pour ambition de démontrer l’importance du visuel pour gérer son temps. Il propose aussi des outils pour « reconcrétiser » notre approche du temps. J’aborde par exemple le Kanban pour gérer son temps à la mode Toyota.

6. Comment réalises-tu un livre ?

Grâce au « Mind-mapping », je rédige un livre en moyenne en 15O heures (Soit environ deux fois moins de temps qu’un auteur classique).

J’ai donc développé la méthodologie suivante :

1) Trouver une idée de sujet
Bien souvent, je dispose de plusieurs idées de sujet. Quelques unes seulement arrivent à maturité et constituent au final un livre.  Comment je trouve mes idées ? Je mène une veille permanente notamment sur la thématique du « Mind  -mapping ». Je présente ces outils de veille (Système d’alerte, RSS, etc.) dans mon livre : « Organisez votre veille avec le Mind-mapping ».

2) Collecter des ressources
Je collecte des ressources essentiellement par deux outils :

  • Un carnet à idées.
  • Un logiciel de capture.

Actuellement, j’utilise « Evernote« . Il me permet de centraliser ma base documentaire issue à la fois de mon ordinateur et d’internet. Chaque projet dispose d’un tag spécifique. Ainsi, lorsque l’information me parvient je lui colle cette étiquette.
A ce jour, à ma connaissance, les logiciels de « Mind-mapping » ne permettent pas de croiser efficacement l’information via des tags. Seul « TheBrain »qui n’est pas stricto sensu un logiciel de « Mind-mapping » offre cette possibilité.

3) Bâtir un plan
Une fois que j’ai collecté suffisamment de ressources. Je bâtis le plan de mon livre. Au début, le plan n’est pas statique. Le logiciel de « Mind-mapping » me donnera la souplesse pour le modifier au fil du temps

4) Alimenter la carte
A ce stade, j’alimente la carte avec des ressources. Chaque chapitre dispose ainsi d’une branche ressources. J’ajoute une icône sur cette branche pour pouvoir filtrer la carte avant l’export en texte

5) Rédiger
Je rédige mon texte directement dans un logiciel de « Mind-mapping ». Au début, je rédige des idées puis des bouts de paragraphe dans des sous branches. Ensuite, je les transfère dans les notes de branches

6) Exporter dans un traitement de texte
Une fois ma carte suffisamment remplie, j’exporte la carte dans un traitement de texte.

7) Corriger
Dans le traitement de texte, je raffine mon texte en :

  • créant les liaisons de paragraphes. Travailler avec un logiciel de « Mind-mapping » permet certes d’avoir un texte structuré mais il manque souvent les jonctions de paragraphes.
  • corrigeant mon texte : orthographe et grammaire. En effet, dans la carte, je travaille avec le cerveau droit : je ne préoccupe pas dans un premier temps de la grammaire et de l’orthographe

 7. Peut-être pour nos lecteurs aurais-tu un scoop à leur annoncer ?

Mon prochain livre sortira en juin aux éditions Eyrolles. son titre ? « Visualiser sa vie ». Une fois n’est pas coutume, le thème ne sera pas le « Mind-mapping » !
Il restera tout de même dans le champ de l’expression visuelle. Ce livre a pour ambition de vous accompagner dans les grandes décisions de la vie via des trames visuelles.  Cet ouvrage a été richement illustré par Salma Otmani.

 8. A titre de formateur quel message as-tu envie de transmettre ?

Le « Mind-mapping » ouvre le champ des possibles !

9.Comment t’assures-tu que ta formation a réussie ?

A ce jour, j’anime des stages essentiellement pour des organismes de formations.  Ils organisent donc les questionnaires d’évaluations pré et post formation. Ils me transmettent ensuite l’information.
Durant les stages, je réalise des tours de table ponctuels pour obtenir un bon feedback des stagiaires. A l’issue de la formation, je laisse mes coordonnées pour des rester en lien.

10. Tu fais partie de la communauté Lilloise de VIZTHINK, peux-tu nous en parler ?

Vizthink France est une communauté autour de la pensée visuelle. Elle se veut le reflet de l’émergence d’une réflexion et d’une pratique autour de l’expression visuelle, à la croisée des arts et du design graphiques, de l’animation/facilitation, et du story telling.

Le prochain Vizthink Lille aura lieu le 21 Mai 2013. Le thème de cette soirée sera : « Vendre un produit, un service par le visuel ».

Il sera animé par Stéphane Rocke qui abordera notamment les points suivants :

  • Des bénéfices à être plus visuel dans une présentation commerciale pour vendre un service/produit complexe.
  • De l’importance de maîtriser un langage visuel (Picto-graphique) et de s’appuyer sur un scénario.
  • Du processus d’élaboration d’un langage commun en groupe.

Vous pouvez vous inscrire gratuitement ICI

11. Si tu devais parler du « Mind-mapping » devant une assemblée de 200 personnes, que dirais-tu ?

En fonction du public j’adopterai une approche différenciée :

  • Débutant. Je démystifierai le sujet (« Mind-mapping » = baguette magique). En effet, souvent sur internet, vous trouvez cette représentation. le débutant est vite déçu. Le « Mind-mapping » est une baguette qui devient magique avec la pratique !
  • Intermédiaire. Les personnes qui se situent à un niveau intermédiaire ont besoin d’exemples d’applications plus nombreux afin d’élargir leur champ de vision.
  • Expert. Souvent, il aimera trouver des explications scientifiques au fonctionnement du « Mind-mapping ».

12. Comment faire si l’on veut te contacter pour : échanger, partager, te rencontrer, etc. ?

Ci-dessous la carte des information pour me contacter :

 Télécharger la carte : ICI

 … et si vous êtes Lillois, nous pourrons même échanger sur le « Mind-mapping » autour d’une bière !

 

NB : Liste des ouvrages de Xavier

 

  1. Organisez Votre Temps Avec Le Mind Mapping – Dunod, 2013
  2. Mémoriser Sans Peine …avec Le Mind Mapping -InterEditions, 2012.
  3. Organisez Votre Vie Avec Le Mind-mapping – 2e Édition – InterEditions, 2011 (Coécrit avec Pierre Mongin).
  4. Organisez Vos Notes Avec Le Mind Mapping – Dessinez Vos Idées ! Dunod, 2011 (Coécrit avec Pierre Mongin)
  5. Booster Votre Efficacité Avec FreeMind, Freeplane Et Xmind - 2e édition. Eyrolles, 2010 (coécrit avec Pierre Mongin)

 

 

Quelle est la finalité du « Mind-mapping » ?

lundi, décembre 24th, 2012

Habituellement quand on veut parler du « Mind-mapping » on se limite aux trois questions de base :

• Qu’est-ce c’est ?
• Qu’est-ce que je peux faire avec ?
• Quels sont les avantages ?

Pourtant il existe une dimension, plus subtile certes mais qui va au-delà des simples apparences que peuvent provoquer les avantages liés aux cartes mentales : la finalité d’une carte. J’ai donc récemment posté sur internet, à l’attention de la communauté une invitation à répondre à la question : « Quelle est la finalité du « Mind-mapping » ?». Bien-entendu il y a fort à parier que les réponses seront multiples car elles dépendront de l’expérience et de la connaissance de chacun sur le sujet. Tout cela est me semble-t-il bien normal car il n’existe pas de référentiel dans le domaine pour se positionner, enfin pas encore. Cette question, qui peut paraître anodine, est fondamentale et incombe, selon moi, aux formateurs ou aux centres de formations  qui ont pris en charge l’initiation aux cartes mentales. Etant moi-même formateur, j’ai un grand respect pour cette profession qui exige beaucoup d’investissements personnels et de qualités pédagogiques. Cependant je ne suis pas sûr que ce point soit toujours abordé.

Avant de répondre à cette question, il me semble incontournable de revenir sur la méthode qui nous invite à prendre une feuille vierge, vue comme un espace infini que l’utilisateur va conquérir, et à dessiner un centre muni d’un thème. Cette étape est fondatrice car elle implique de planter un drapeau sur un nouveau territoire. C’est à partir de cette base, vue comme un « je suis », que va se développer la conquête dans différentes directions avec des mots clés et des branches. Soyons clair, sans un centre on ne peut parler de « Mind-mapping » ! Cette notion est tellement importante que je pose comme postulat : « Le centre d’une carte est un principe d’existence dont les conséquences cognitives favorisent la réflexion et la créativit頻 (1). Malheureusement cette étape est complètement occultée par de nombreux logiciels qui génèrent par défaut un centre avec un libellé (2) générant ipso facto une incompréhension. Bien que pour des raisons personnelles je ne sois pas un aficionado des cartes manuelles je leur reconnais au moins le mérite de me laisser cette « libert頻 (3).

Une réponse possible à la question posée pourrait-être : « La finalité du « Mind-mapping » est de permettre, parmi mille choses, d’organiser ses idées ». C’est séduisant au premier abord cependant  n’y a-t-il pas confusion avec le pourquoi  et le quoi ? On oublie souvent de dire que dans le domaine de la cartographie toute carte (4) possède un code (Format, agencement des éléments, point d’entrée, etc.). Pour les cartes mentales le code se traduira par une structure et des règles (5). Bien qu’il y ait une certaine souplesse dans sa réalisation, il paraît clair que le code d’une carte mentale reste une contrainte car nous ne sommes pas ici dans une œuvre libre (un dessin par exemple). La carte peut donc être vue comme un contenant structuré et modifiable dans lequel les idées du créateur vont prendre place autour d’un centre. Puis-je dire pour autant que c’est la finalité du « Mind-mapping » ? N’est –pas plutôt la richesse intérieure qui est révélée (6) via un contenant approprié dont le centre est fondateur ? La révélation de ce qu’il y a sous mes yeux n’aide-t-elle pas à la prise de conscience que « Je suis » tout cela ? Imaginons un exercice simple : prenez une feuille et dessiner en son centre un petit personnage vous caractérisant. Créer autant de branches que vous le souhaitez en ajoutant toutes les réalisations positives depuis votre naissance. Quel serait votre ressenti une fois l’œuvre terminée ? Je pense que vous énonceriez un principe d’identité (7) qui se traduirait par « Mais je suis tout cela ! ».

Une autre réponse possible pourrait être «La finalité du « Mind-mapping » » est de favoriser la prise de conscience individuelle ou collective en faisant émerger la richesse intérieure ». Bien que cette proposition retienne toute mon attention, car c’est bien de cela dont je parle à travers « Je suis tout cela ! », on pourrait tout aussi bien dire que c’est « une rencontre avec soi-même» (8). Cette rencontre que certains formateurs ont peut-être perçus au travers de réactions comme « Incroyable je ne pensais pas être capable de cela !». Il y a là une prise de conscience qui favorise une réconciliation avec soi. Il est donc dommage que les formations actuelles, qui posent les briques de base de ce domaine, oublient de mentionner dans leur pédagogie que c’est le début d’un chemin, mais un chemin vers le soi, notre centre ! Partir d’un centre pour arriver à un autre centre, voilà bien un principe d’unité (9).

Alors le « Mind-mapping » : un outil ?, une méthode ?, ou une philosophie ? Chacun choisira son positionnement pourvu qu’il n’oublie pas la finalité qui s’y rattache.

(1)  On retrouve cette même idée du centre comme fondation dans tous les schémas centrés

(2)  « Sujet central » pour MindManager, « Untitled » pour MindGenius, « Central topic » pour Xmind ». Seul le logiciel iMinMap invite à choisir une image avant de commencer.

(3)  Liberté que je ne retrouve pas dans : l’agencement difficile des éléments, l’ergonomie des couleurs, le fond d’écran, les icônes, etc… à la différence d’un logiciel.

(4)  Carte de visite, carte routière, carte postale, carte bleue etc…

(5)  Le terme « règles » est pris ici dans son acception la plus général du terme sans se soucier s’il s’agit de celles de Tony Buzan ou d’autres.

(6)  Dans le sens de « lever le voile ». Du latin revelare « découvrir », et de velum « voile » 

(7)  J’entends par « identit頻 quelques chose qui est pareil, de même nature (id – entité) que moi.

(8)  On pourrait aussi parler de rencontre avec ses ressources

(9)  « Tout part du centre et tout y revient » (JPC)

Interview de Philippe Packu

dimanche, septembre 23rd, 2012

Philippe Packu est un peu à part dans l’univers des cartes mentales. Passionné par l’apprentissage et les processus cognitifs qui le sous-tendent il illustre ce domaine par une créativité débordante allant jusqu’a réaliser des cartes qui repoussent toujours plus loin les limites du « Mind-mapping ». A l’occasion d’une rencontre à Bruxelles nous avons pu échanger autour de notre passion commune. Il partage avec nous ses réflexions.

1. Qui est Philippe PACKU créateur du site « www.drawmeanidea.com/ » et passionné par le « Mind mapping » ?

Adolescent des années 80, j’ai plongé dans les ordinateurs comme Obélix dans la potion. C’est donc assez naturellement que j’ai pris place dans les amphithéâtres de l’université de Liège en Belgique pour y obtenir au final un diplôme de master en sciences informatiques. Mais depuis tout petit, je suis surtout passionné par le dessin et sans cesse à la recherche d’une touche créative dans toutes mes réalisations.

J’ai débuté ma carrière professionnelle en tant qu’analyste des systèmes dans des entreprises de petites tailles. Très vite, j’ai préféré me focaliser sur l’étude des besoins et la dimension humaine des problèmes, plutôt que sur les solutions techniques. Ensuite, j’ai eu l’occasion de rejoindre le groupe Sony, ce qui m’a permis d’acquérir une grande expertise dans la modélisation des métiers, particulièrement ceux liés aux services en ligne.

Désormais, quelle que soit la direction que prendra ma carrière, je suis convaincu que mon objectif principal est, au travers de l’écoute, d’aider les gens et de trouver des idées ou des solutions qui leur permettront de surmonter les obstacles et de réaliser des choses dont eux-mêmes ignoraient être capables.

2. Ce chemin professionnel c’est aussi la rencontre avec le « mind mapping ». Comment cela s’est-il produit ?

J’ai découvert les cartes mentales (mind maps) il y a plus de 15 ans déjà. A l’époque, un consultant était venu nous conseiller en gestion d’entreprise. Il utilisait la technique du « mind mapping » au cours des réunions de travail et nous avions collaboré à la création de plusieurs cartes. L’utilisation des « mind maps » faisait partie de ses recommandations pour l’analyse de la situation et la mise en place des changements. Convaincu, j’avais acheté une licence de MindManager, un logiciel pour la création de « mind maps » sur ordinateur. Depuis ce jour et jusqu’il y a peu, je dessinais des cartes simples, aux sujets et objectifs très divers.

En 2011, alors que je recherchais des formations en créativité et innovation, j’ai découvert par hasard l’existence de Tony Buzan ainsi qu’une multitude de cartes mentales bien plus élaborées et visuellement plus attrayantes. En m’intéressant de plus près au sujet, je me suis rendu compte que ces cartes existaient depuis très longtemps.

Elles sont essentiellement réalisées à la main et suivent certaines recommandations telles qu’un meilleur usage de l’espace, des courbes, des images, des couleurs ainsi que des mots clés.

Grâce à Chris Griffiths, la société ThinkBuzan a conçu et commercialisé un logiciel de mind mapping révolutionnaire du nom de iMindMap. Il s’agit d’un des outils informatiques le plus flexible du marché pour la réalisation de cartes créatives et inspirantes. Tony et Chris ont également développé un programme de certification appelé ThinkBuzan Licensed Instructor (TLI) auquel J’ai eu la grande chance de participer à Londres. J’y ai d’ailleurs rencontrer Tony Buzan en personne.

Aujourd’hui, le « mind mapping » est devenu une activité quotidienne qui me procure énormément de plaisir. C’est un support qui est venu renforcer mon efficacité dans l’analyse des problèmes, la gestion des connaissances, la collaboration avec les clients et l’apprentissage avec les enfants. Toute cette passion se retrouve maintenant sur mon blog « drawmeanidea.com », avec la volonté de transmettre un vrai savoir et continuer à récolter un maximum d’expériences sur le terrain.

3. Que t’apporte la certification T. BUZAN ?

Au-delà de la découverte d’une catégorie bien particulière de « mind maps » et du logiciel iMindMap, la formation vise essentiellement à enseigner les raisons sous-jacentes qui rendent le « mind mapping » efficace et à libérer le potentiel cérébral dont nous disposons tous. Il s’agit aussi de découvrir les différents domaines d’application (pensée créative, prise de décisions, prise de notes, présentation, …) en considérant le « mind map » comme un support et non comme la solution miracle.

Je ne cache pas que le titre d’instructeur reconnu par T. Buzan et ses pairs apportent une certaine crédibilité, toute relative si on considère le grand nombre de détracteurs au courant Buzan. J’ai cependant accès à de nombreuses ressources (présentations, résultats de recherches, mises à jour du logiciel, …) et au large réseau d’instructeurs partout dans le monde. Je suis également formé et autorisé à dispenser les formations au nom de ThinkBuzan. Je peux certifier les participants pour la formation et l’usage de iMindMap et revendre le logiciel. Je peux agir en toute indépendance mais je suis tenu, par mon contrat de TLI, de ne pas nuire à l’image de la marque.

Ma rencontre avec Tony Buzan fut pour moi une révélation. La certification m’a évidemment permis de mûrir dans le domaine et d’acquérir des connaissances qui dépassent la simple création de cartes mentales. Mais j’ai surtout découvert un monde où j’allais enfin pouvoir exprimer ma créativité sur un support digital et la mettre au service des autres. Je n’avais aucune idée de l’essor que cela prendrait et j’étais surtout loin d’imaginer que mes cartes feraient le tour du monde.

4. Comment utilises-tu le « mind mapping » dans ta vie personnelle et professionnelle ?

Les applications sont très diverses et j’en découvre de nouvelles tous les jours. Sur le plan professionnel, j’apprécie beaucoup la technique pour collaborer avec d’autres personnes. Cela va de la simple discussion d’idées avec un collègue jusqu’au brainstorming à plusieurs, en passant par la facilitation de groupes de travail ou l’étude des besoins chez mes clients. Les cartes ont une vie. Elles grandissent et évoluent au fur et à mesure des interactions. Elles sont aussi un très bon support pour les présentations et les négociations.

Sur le plan personnel, les usages sont encore plus diversifiés. Je considère la technique assez efficace pour comparer des devis ou offres de fournisseurs (énergie, travaux, téléphonie, …). Le « mind map » offre une vue générale de toute l’information récoltée mais est aussi capable de capturer les spécificités de chaque option. Une fois l’analyse complète, il devient aisé d’évaluer les possibilités et de faire le meilleur choix. Mon épouse et moi utilisons les cartes pour planifier les travaux à la maison ou organiser des événements (fêtes de famille, cadeaux de Noël, …).

Mais le domaine qui m’intéresse le plus aujourd’hui, c’est l’apprentissage scolaire. Nous vivons dans une société où les mentalités et les technologies évoluent beaucoup plus vite que dans les écoles. Un grand décalage se crée et de plus en plus d’enfants éprouvent des difficultés sur les bancs de l’école. Le « mind mapping » est un outil qui peut aider certains enfants à surmonter l’échec scolaire, le manque de motivation et les difficultés d’intégration. Il est aussi particulièrement adapté pour les techniques d’enseignement dite « alternatives » à destination des déficients mentaux ou des enfants atteints de maladies de type « Dys ».

Je me suis fixé comme objectif de promouvoir l’usage de la cartographie mentale dans le milieu scolaire de la Communauté Française de Belgique. Avec les enfants, le corps enseignant, les autorités, les professionnels de la santé, les entreprises technologiques, je souhaite participer activement au développement de l’enseignement du futur.

5. Tes cartes sont très originales. Comment trouves-tu tes idées ?

Je cherche avec la plupart de mes cartes à répondre à un besoin bien spécifique qui s’étend bien au-delà de la simple communication d’information. Je m’inspire de la vie de tous les jours, essentiellement auprès des jeunes qui ont besoin d’un coup de pouce ainsi que dans le programme scolaire. J’essaie autant que possible de me glisser dans la peau du bénéficiaire afin d’imaginer la manière la plus adéquate d’aborder les problèmes et leur solution, tout en procurant un maximum de plaisir. Je m’inspire également de l’actualité et des nombreux articles que je consulte. En fait, mon esprit est en mode « mind mapping » permanent et s’il détecte une possibilité d’améliorer une situation en offrant un regard nouveau et différent, alors j’en prends bonne note pour étudier et développer le sujet ultérieurement.

J’attache également beaucoup d’importance à la forme. En tant qu’artiste, je cherche à capturer l’attention, susciter l’émotion, inviter à la réflexion et véhiculer un message. Il est plus facile de faire un « mind map » très compliqué et peu séduisant qu’un « mind map » simple, attrayant et efficace. Cette recherche d’équilibre entre le contenu et le moyen de le communiquer est un effort permanent.

Dessiner des cartes mentales créatives est à la portée de tout le monde. Celui qui dessine un mind map sur un ordinateur et qui veut l’enrichir pour le rendre plus attrayant doit comprendre que le logiciel n’est pas conçu initialement dans ce sens. Il doit apprendre à sortir de la boite définie par les fonctionnalités de base et rechercher ailleurs l’inspiration (galeries d’images ou gribouillages personnels, outils de dessins et de traitements de photos, choix des couleurs, liberté d’expression dans la forme des branches ou des textes, …).

Comme je l’explique sur le blog, être créatif, ce n’est pas un don, c’est un état d’esprit. Il faut du courage et de la détermination. Il faut croire en soi et avoir l’audace d’aller jusqu’au bout des choses, sans avoir peur d’échouer. Créer c’est essayer, faire, défaire, refaire, casser, construire, combiner, mélanger, séparer… jusqu’à ce que les idées se réalisent. Créer de belles cartes efficaces n’est pas une question de compétence. Il faut avant tout oser et se faire plaisir.

6. J’ai cru comprendre que, pour toi, le « Mind-mapping » sous-tend les sciences cognitives. Peux-tu nous en dire un peu plus sur le sujet ?

Effectivement, il y a une très grande différence entre la notion de « mind mapping » et la notion de « mind map ». La première se rapporte à une activité cérébrale accompagnée par la réalisation d’une carte. Quant à la seconde elle définit uniquement le document iconographique ou informatif produit, principalement utilisé pour structurer et communiquer de l’information. Or pour moi, la valeur recherchée réside dans le processus mental (cognitif) qui accompagne la création des cartes. La réalisation d’un « mind map » sous-entend une activité de « mind mapping » avec un but spécifique et précis. Il peut s’agir d’une réflexion, d’un raisonnement, d’une aide à la prise de décision, d’une collaboration, d’une mémorisation, …

La raison principale qui fait du « mind mapping » une activité efficace est qu’elle nous force à changer de paradigme, à aborder les choses sous un autre angle. En appliquant certaines règles élémentaires (idée centrale, branches courbes, mots clés, couleurs, images, …), nous invitons notre cerveau à penser autrement. Le « mind mapping » devient une solution à partir du moment où l’on obtient un meilleur résultat en comparaison avec le passé. Cependant, le « mind mapping » ne se substituera jamais aux techniques propres requises par chacun des domaines qu’il supporte. En effet, ce n’est pas parce que vous maîtrisez parfaitement le « mind mapping » que vous savez gérer un projet, conduire un brainstorming, présenter un sujet ou prendre des notes efficacement.

7. S’il y a bien un lieu qui résiste encore : c’est l’entreprise. Selon toi quelle serait la bonne approche pour introduire le « mind mapping » dans les organisations

La résistance au changement est un phénomène assez commun chez les adultes et particulièrement dans les entreprises. Or, le « mind mapping » est une activité hors du commun qui nécessite une certaine ouverture d’esprit. L’échec des formateurs à convaincre les employés de consacrer du temps aux « mind maps » une fois de retour à leur bureau réside essentiellement dans le manque de réalisme et de suivi. En effet, on promet généralement aux participants qu’ils seront plus efficaces une fois formés mais la plupart ne savent pas vraiment par où commencer une fois seul ou comment mettre en pratique face à des cas concrets.

Personnellement, je pense qu’il est préférable d’aborder la formation en entreprise sous la forme de coaching. Il est essentiel de connaître le contexte et les tâches qui définissent le travail des acteurs concernés afin d’imaginer comment les aborder de manière différente. Le coach est capable de mieux comprendre les situations particulières et d’adapter la découverte et l’apprentissage afin d’exploiter le potentiel de chacun. Au cours de cet accompagnement, Il a beaucoup plus de chance de réussir à convaincre et transmettre son savoir pour qu’à son tour, l’employé ou le dirigeant réalise les cartes dont il a besoin.

8. Tu utilises iMindMap pour réaliser tes cartes. Pourquoi ce choix ?

iMindMap est pour moi le logiciel qui offre le moins de contraintes pour la réalisation de cartes mentales, tout en respectant les quelques principes de bases. Le problème des applications informatiques est qu’elles ont souvent tendance à enfermer les utilisateurs dans un cadre bien précis, offrant très peu d’opportunités pour en sortir. Or, le « mind mapping » repose essentiellement sur la liberté d’expression. La frustration que peut provoquer le logiciel est contre-productive et va détourner l’attention de l’utilisateur de son objectif initial.

J’ai découvert avec iMindMap une application simple qui permet une utilisation flexible de l’espace. Il permet de créer des branches en toute liberté avec la fonction main levée. L’utilisation des images est quasi illimitée, tant par leur position que par leur taille. L’outil dispose également d’un mode de visualisation en 3-dimensions très séduisant et d’un système de présentation très efficace. Beaucoup d’autres fonctions communes à la plupart des logiciels de « mind mapping » sont également disponibles (galerie d’images, export dans divers formats, outils de gestion, …). Tout récemment, la société ThinkBuzan a lancé la version iMindMap Freedom, une plate-forme qui permet d’accéder et de synchroniser ses cartes à partir des différents appareils connectés au Cloud (smartphone, tablette, PC portable, …).

Personnellement, j’apprécie iMindMap aussi bien pour un usage brut que réfléchi. En effet, le mode « speed mapping » est particulièrement adapté et efficace pour la création de cartes accélérées uniquement en utilisant le clavier (par exemple pour la prise de notes en réunion). Mais je peux aussi passer des heures à explorer les limites du logiciel afin d’obtenir des cartes totalement inédites qui vont jusqu’à surprendre les concepteurs eux-mêmes.

9. Ton site est très orienté apprentissage. As-tu quelques exemples à nous donner pour illustrer le propos ?

La notion d’apprentissage revêt plusieurs sens, allant de la simple réception de l’information (j’ai appris la dernière nouvelle à la radio) jusqu’au changement de comportement (j’ai appris la politesse), en passant par la mémorisation (j’ai appris et retenu les lettres de l’alphabet) et l’acquisition des techniques (j’ai appris à utiliser un marteau ou à multiplier deux nombres).

Le « mind mapping » est particulièrement efficace pour accompagner l’apprentissage d’une leçon qui doit être mémorisée et ensuite restituée. A titre d’exemple, je vous fais part d’une carte réalisée avec mon fils pour retenir une poésie.

Poesie

La technique est assez simple. Elle consiste à placer le titre de l’œuvre au centre de la feuille et de créer une branche ou sous-branche pour chaque vers. L’enfant écrit le ou les premiers mots qui sont clés dans une poésie. Afin de retenir efficacement les phrases exactes, je l’invite à ajouter des pictogrammes de son choix, représentatifs de l’idée générale dégagée. Après quelques lectures avec la carte et en s’exerçant sans la carte (le texte original n’étant plus utilisé), l’enfant est capable après quelques minutes de réciter tout le texte sans problème. Une petite vérification le soir avant d’aller dormir et le matin avant de partir à l’école et l’enfant se présente alors dans de parfaites conditions devant son public pour restituer ce qu’il a mémorisé. Concrètement, le « mind map » se reconstruit dans sa tête si nécessaire, avec plus ou moins de détails en fonctions de l’effort à fournir.

10. Pour toi quel est l’avenir du « mind mapping » ?

Il est très difficile de prédire comment va mûrir ce domaine qui est encore tout jeune. Ce qui est certain, c’est que le monde du « mind map » est en plein essor. En quelques années sont apparus des dizaines de logiciels capables de créer des cartes mentales. Plusieurs sociétés exploitent les « mind maps » comme outils de structuration, de navigation et de partage de l’information et mettent au point des systèmes qui génèrent automatiquement des cartes (parfois très complexes). Beaucoup d’utilisateurs publient et partagent leurs cartes afin d’enrichir la base de connaissance et participer à l’échange du savoir.

Mais pour moi, le « mind mapping », c’est différent. Nous sommes très peu à nous pencher sur les processus mentaux qui mènent à la création d’une carte mais dont l’objectif principal est autre. Grâce à mes recherches sur le terrain, j’espère contribuer au développement dans le domaine et apporter l’éclairage suffisant qui permettra de mieux discerner les deux notions. Je suis convaincu qu’il y a de nombreuses opportunités dans le domaine de l’éducation, au vu des problèmes qu’il va falloir surmonter à très court terme.

Interview de Frédéric VEVE

vendredi, décembre 30th, 2011

C’est une première pour l’auteur de ce blog que de vous proposer une interview vidéo en plusieurs parties. Notre invité, Frédéric VEVE, PDG de Communiquons.biz et “ThinkBuzan Licenced Instructor” en « Mind Mapping », a accepté de répondre à nos nombreuses questions :







Ci-dessous la seconde partie de l’interview vidéo de Frédéric VEVE, PDG de Communiquons.biz



Interview de Philippe BOUKOBZA

dimanche, septembre 5th, 2010

Trilingue, passionné par les cartes heuristiques et les réseaux sociaux, Philippe BOUKOBZA, qui a choisi de s’installer en Espagne, n’arrête pas de nous surprendre au travers des nombreuses cartes et articles qu’il met à disposition de ses lecteurs sur la toile. Rencontre avec cet « Iber » mappeur !

1. Qui est Philippe BOUKOBZA créateur du blog « heuristiquement »?

J’ai une double formation : En Sciences Humaines (Sociologie et pédagogie) tout d’abord, car je m’intéresse depuis un certain temps déjà aux transformations sociales, à la psychologie et à la transmission des savoirs, puis en Sciences Politiques avec un diplôme de troisième cycle.

Il y a quelques années j’ai découvert le « Mind Mapping » en même temps que d’autres méthodes innovantes utilisées dans les organisations. Mes premiers pas furent ceux d’un autodidacte, c’est-à-dire en m’aidant d’exemples et de modèles trouvés sur Internet. En me formant à l’École Française de l’Heuristique avec Frédéric Le Bihan, j’ai franchi un cap qui m’a permis passer à la vitesse supérieure. Ma passion pour le sujet m’a conduit à créer un blog en français www.heuristiquement.com puis en espagnol mind-mappers.blogspot.com et en anglais visual-mapping.com, étant donné que je fais de la veille dans ces trois langues.

2. En tant que professionnel du domaine pourrais-tu partager avec nous quelques expériences réussies ?

Oui, je me souviens d’un groupe de cadres en reconversion, que j’ai formé à Barcelone. Via la carte heuristique, ils ont stimulé leur recherche de sens, leur motivation et approfondi leurs analyses de la situation. Je suis toujours en contact avec eux et certains sont devenus des passionnés de la méthode qui les a aidés à faire le point et à clarifier leurs objectifs.

Cette année, à Madrid, une entreprise de Marketing a fait appel à moi pour former tout son personnel (42 personnes) au « Mind Mapping ». Tous leurs projets sont représentés sous forme de cartes et ils ont aménagé leurs bureaux afin de pouvoir réaliser des cartes sur les murs. La luminosité, l’espace et les couleurs font aussi partie du cadre de travail pensé pour favoriser l’utilisation de la carte dans un esprit de collaboration.

Il y a deux ans, un organisme qui dépend de l’Union Européenne a décidé d’implanter la carte heuristique. Il s’agit d’un projet à long terme. Ce contexte multiculturel (plus d’une quinzaine de nationalités y sont représentées) a été propice à l’adoption du « Mind Mapping », notamment pour la gestion de projet.

3. Aujourd’hui est-il facile de créer une activité professionnelle autour du « Mind-Mapping » ? Quels sont les pièges à éviter ?

C’est un marché émergeant bien que prometteur. Nous sommes en train de créer un marché et ce n’est pas facile de se lancer en tant que formateur. Ne vendre que du « Mind Mapping » ne me paraît pas encore assez rentable. Je pense qu’il faut proposer d’autres services en parallèle car l’usage de la méthode n’est pas assez accepté par les clients potentiels pour générer une activité constante. Mais la dynamique du monde « Mind Mapping » (praticiens, éditeurs de logiciels, enseignants, managers, apport des sciences cognitives) nous rapproche d’un point de bascule qui placerait la carte heuristique au centre d’une nouvelle approche, non-linéaire, structurée, clarifiée et holistique de l’information.
Comme dans la plupart des disciplines innovantes, la passion pour le sujet est communicative et être passionné peut être décisif au moment de faire face à des résistances au changement. Cependant, comme la méthode possède une infinité d’applications, devenir un intégriste de la carte heuristique, qui ne voit plus que par cette façon de faire et cherche à l’imposer, est un piège.

4. Comme tu le sais, le « Mind-Mapping » sera au programme des classes de seconde (1) pour la prochaine rentrée 2010. Beaucoup d’enseignants seront un peu déstabilisés pour aborder cette démarche. Aurais-tu des conseils à leurs donner ?

Oui, je pense que l’adoption de la carte heuristique par un nombre important d’enseignants est fortement liée à des applications directes pour faciliter la compréhension et la mémorisation de contenus interdisciplinaires. Il pourrait y avoir une complémentarité dans la prise en main de la carte heuristique à travers différents domaines. Les arts visuels, les langues étrangères (vocabulaire), la structuration d’expression écrite en français, la préparation et la présentation d’un exposé, la recherche documentaire, le travail sous forme de projet en technologie, etc. Si les enseignants peuvent expérimenter par eux-mêmes l’efficacité de l’outil, ils seront plus à même de convaincre et de former les élèves. Là encore, il ne faut pas chercher à imposer mais à proposer, autant en ce qui concerne les enseignants que les élèves.

5. Ce n’est pas une surprise mais force est de constater qu’aujourd’hui le Web2.0, et les réseaux sociaux, sont omniprésents dans l’univers du « Mind-Mapping ». Quels sont pour toi les forces et les faiblesses de ces nouveaux modes de communication qui deviennent incontournables ?

Il y a de nombreux points communs entre le monde internet et l’approche carte heuristique, à commencer par un mode de pensée hypertexte que la carte matérialise par des connexions. Il y a aussi le réflexe de penser en mots clés, présent dans la carte comme dans l’étiquetage de contenus numériques et la recherche sur les moteurs comme Google. C’est pour cela que parmi les praticiens de la carte on trouve de nombreux professionnels de l’internet et des informaticiens.
Le Web 2.0 est aussi le média collaboratif de notre époque, il contribue à la création ou à l’expansion de communautés, au partage de connaissances. C’est à ce titre que les praticiens de la carte se retrouvent et échangent dans les réseaux sociaux, les blogs. Ils publient et échangent des cartes, donnent leur avis sur les logiciels, etc…
Tout cela est très positif mais demande aussi des rencontres « réelles » sans quoi les liens établis demeurent faibles. C’est pourquoi on voit des initiatives comme les retrouvailles « Mapping-Experts » ou « Carto 2.0 ».
Sur le plan du travail collaboratif, il y a une rencontre entre les logiciels de Mind Mapping et le mode Wiki. Mindjet Connect, MindMeister, Mindomo, Comapping sont des exemples réussis où l’on peut créer collaborativement des cartes, gérer des projets. XMind et NovaMind proposent de mettre ses cartes en partage sur des espaces où l’on peut les visionner et les télécharger.

6. Ton dynamisme est impressionnant puisque tu publies des articles sur la cartographie mentale en trois langues. A coté de cette activité as-tu d’autres projets personnels ou professionnels dans le domaine que tu développes ou que tu aimerais développer ?

Merci. En fait j’essaie de m’ouvrir aux différents utilisateurs mais aussi aux différents contenus pour co-créer une dynamique multiculturelle autour de la carte heuristique et par l’usage des outils Web 2.0. Mon projet actuel s’oriente vers la mise sur pied d’une approche différente de l’information et de la gestion des connaissances, il s’appuie sur le « Mind Mapping », la pensée visuelle, les sciences cognitives et le Web 2.0.
Devant les milliards de bribes de connaissances auxquels nous sommes exposés de manière exponentielle, à travers des médias et d’internet, il me paraît fondamental de disposer d’une méthode permettant de donner du sens, de prioriser, de structurer et de clarifier.

7. Aujourd’hui où en est-on dans l’univers des cartes mentales ? Quel est son futur ?

L’univers des cartes mentales est en expansion, certains parlent de mode. D’après ce que je peux constater, après les bases établies par le psychologue Tony Buzan, une nouvelle donne est nécessaire afin de faire le lien avec les nouvelles technologies, les dernières avancées sur le cerveau, les nouvelles méthodes de management, etc.

8. Si demain tu étais devant une importante assemblée et que tu devais parler du « Mind-Mapping », que dirais-tu ?

Si je devais de manière succincte présenter la carte heuristique devant une assemblée, je dirais que c’est une approche qui redonne vie à l’information en lui ajoutant une structure visible, de la forme, des couleurs, des images, du mouvement et de l’harmonie. La carte heuristique est également une façon pratique de reconnaître que tout est connecté et interdépendant et de rechercher la simplicité sans nier la complexité.

Merci à toi Philippe d’avoir partager avec nous ces quelques lignes. Je signale à nos lecteurs qui le désirent qu’ils peuvent librement s’abonner à la « Newsletter » de ton blog via l’URL www.heuristiquement.com.

(1) Le bulletin officiel du 29 Avril 2010 est accessible via l’URL suivante :

http://media.education.gouv.fr/file/special_4/75/1/creation_innovation_technologiques_143751.pdf

Interview de Benoît DELVAUX (2009)

lundi, décembre 21st, 2009

Intrigué par le livre « Des idées à la carte, Mind Mapping et Cie pour manager de 180° à 360° » (*) de Benoît DELVAUX, j’ai cherché à en savoir un peu plus sur cet « agitateur d’idées ». Rencontre et témoignage d’un promoteur du « Mind-Mapping » (Cartographie mentale).

1. Qui est Benoît DELVAUX, responsable et animateur d’IDergie ?
Ah … parler de moi n’est pas l’exercice que je préfère !
Disons que j’ai eu un parcours à la fois classique et varié. Je suis diplômé HEC.
J’ai passé ma première vie professionnelle dans la distribution et la franchise : j’ai été tour à tour directeur d’un réseau (devenu entre temps Mr. Bricolage Belgique), consultant en franchises commerciales et dirigeant-propriétaire de deux points de vente franchisés avec une bonne quinzaine de salariés. J’ai complété mon bagage académique en décrochant deux diplômes complémentaires : un master en audit interne et un diplôme en intérim management.
Un jour, ce devait être en 2002, j’ai entendu des voix qui me disaient « Tu ne vas quand même pas faire ça toute ta vie… Change de métier… Vas-y, associe passion et profession… ».

2. Cette passion, c’était déjà le « Mind Mapping » ?
Non, pas d’emblée. Mon « dada », c’est les « idées », la créativité et la productivité des idées. Je pense que c’est en 2000 que j’ai fait connaissance avec le « Mind Mapping » en le considérant comme la meilleure logistique entre guillemets pour la gestion des idées.

3. Si vous deviez vous définir en une phrase ?
Promoteur de la cartographie mentale et agitateur d’idées.

4. Mais encore ?
J’essaie, humblement, de proposer, d’adapter voire de développer des outils et des techniques simples, c’est-à-dire polyvalentes et accessibles au plus grand nombre, permettant de stimuler la créativité fonctionnelle.
Vous allez sans doute me demander de définir ce qu’est la créativité fonctionnelle ? C’est plus quelque chose à vivre qu’à définir. Si vous insistez, je vous répondrais qu’il s’agit de rendre la créativité plus productive et la productivité plus créative ; soyons moins technocrates, devenons plus pragmatiques et tâchons d’innover à tous les niveaux.

5. Vous êtes l’auteur du livre « Des idées à la carte, Mind Mapping et Cie pour manager de 180° à 360° » sorti en 2009, comment et pourquoi avoir pris la plume ?
Je n’ai pas voulu décevoir mes proches qui me disaient sans cesse : « Qu »est-ce que tu attends pour écrire un bouquin ? ». Un peu plus sérieusement, il s’agit à la fois d’un défi personnel et professionnel par lequel j’ai tenté de montrer ou de suggérer des usages de la cartographie mentale pour le management.

6. Six mois après la sortie du livre, quel est le bilan ?
Je n’ai pas encore gagné de prix littéraire, tant mieux, ce n’est pas dans mes objectifs.
Les échos reçus jusqu’à aujourd’hui sont très positifs, certains étant même élogieux.
Globalement et après coup, je n’ai qu’un seul regret : celui de n’avoir pas développé certains thèmes supplémentaires ou complémentaires. Bon, on n’a pas construit Rome en 1 jour et puis, qui sait, bientôt une seconde édition ou un autre essai ?

7. Comment voyez-vous l’avenir du « Mind Mapping » ? Quels sont les freins à son développement ?
Je ne sais plus qui a dit que les révolutions les plus difficiles à gagner sont celles des habitudes et de la pensée. Cette citation résume le défi. La difficulté ou le débat ne porte pas sur telle ou telle manière d’aborder le « Mind Mapping », ni sur tel ou tel logiciel à utiliser. Non, la difficulté majeure est liée à la force centrifuge des habitudes. J’explique cela d’une autre manière. A chaque fois que je fais une présentation de ce que la technique et un outil permettent de faire, l’auditoire est systématiquement
emballé. Mais quant au nombre de personnes qui font réellement le pas … la bulle éclate !
L’handicap majeur ? Même convaincus des nombreux bénéfices de la cartographie mentale, les gens ont du mal à passer à l’acte. Non pas en raison de la difficulté de la chose – qui est somme toute très simple et intuitive – mais par peur, par habitudes, par inertie. Remise en question et innovation ne sont point des exercices évidents.
En conclusion, je crois que le « Mind Mapping » va trouver progressivement sa place dans les entreprises mais il faudra encore attendre, au minimum, 5 à 10 années pour qu’il devienne une pratique naturelle.

8. Le mot de la fin ?
Hum… question très est large… les propositions sont nombreuses. Le message que je tente de faire passer est « Prenez et mangez en tous. Faites-vous douce violence, les effets secondaires sont exclusivement positifs ». S’il est grand temps d’innover à tout niveau – organisationnel et individuel; professionnel et personnel – la cartographie mentale, les outils qui permettent de la déployer et les applications qui en découlent sont 1001 manières d’innover.

Merci à toi Benoît d’avoir partagé avec nous ces quelques lignes. Précisons à l’attention des lecteurs intéressés qu’ils peuvent te retrouver aux adresses suivantes :

• http://www.idergie.com/
• http://www.180-360.net/

Où moult informations sur le « Mind-Mapping » et le « Concept mapping » les attendent.

(*) Cf. article « http://s229438522.onlinehome.fr/2009/09/20/des-idees-a-la-carte-de-b-delvaux/«