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Confiance & défis (2/3)

dimanche, février 15th, 2009

TAO, CONFIANCE & DEFIS

1.Qu’est-ce que le TAO ?

Un disciple posant un jour la question à son Maître « Qu’est-ce que TAO ? », se vit répondre : « TAO est TAO ».
Cette réponse, bien que paradoxale pour nous occidentaux qui sommes ancrés dans un modèle aristotélicien, est juste. D’abord parce qu’elle évite d’enfermer ce terme dans une définition qui en limiterait automatiquement les effets (14). Ensuite parce qu’elle correspond plus à une invitation à le vivre qu’à l’expliquer. Toutefois, et à dessein de ne pas laisser sombrer le lecteur dans la perplexité, nous mettons à disposition une tentative de définition (15) :

Le TAO ou DAO est un terme de philosophie chinoise (en chinois « 道 » DAO signifiant : « la voie », « le chemin »). Le TAO est la force fondamentale qui coule en toutes choses dans l’univers, vivantes ou inertes. C’est l’essence même de la réalité et par nature ineffable et indescriptible. Il est représenté par le « tàijítú » symbole représentant l’unité au-delà du dualisme yin-yang (soit respectivement l’entropie positive et négative).

Fig. 1 : Le « taijitu » ou symbole du « yin & du yang »

Le TAO peut être considéré comme la matrice préalable au sein de l’univers au passage du qi, ou souffle originel, précédant la parité binaire du yin-yang. Il est au cœur debmp conceptions éthiques chinoises (le mot « daode », morale, en est issu), généralement considérées comme une pragmatique du juste milieu, ou du choix propice. En fait nous nous intéresserons ici plus au symbole du TAO qu’à sa définition (16).

Le « taijitu » présente 3 particularités qui vont nous être très utiles par la suite :

En premier lieu il convient de dire que le « taijitu » n’est ni statique ni équilibré. Il serait illusoire de considérer ce symbole comme une photo. Son graphisme, c’est à dire le choix des couleurs et des formes symétriques, est avant tout un confort de représentation de forces opposées sans cesse en équilibre (17). En réalité cela n’est pas toujours vrai puisqu’il symbolise le mouvement perpétuel.

Ensuite il serait plus juste de l’imaginer en 3 dimensions. Dans ce sens nous pensons qu’une forme cubique serait plus adaptée.

Enfin pour conclure, le « taijitu » possède la faculté d’aider l’observateur à dépasser le sentiment de dualité pour se rapprocher de l’unité. Par exemple les formes complémentaires des couleurs vont fusionner dans la conscience de l’observateur pour finalement provoquer un sentiment d’unité. Ainsi le blanc et le noir se confondent-ils avec la notion unique de « couleur ». Il en va de même du bien et du mal qui sont réunis sous le vocable unique de « dualité ». Le « taijitu » nous rappellerait-il que l’homme est unique et multiple en même temps ?

Dans toute la suite, et à dessein de faciliter la compréhension, nous appellerons Yin la forme sombre du « taijitu », et Yang sa partie brillante. Les points de couleurs opposées sont appelés « biaoli » (18).

(14) : Lao Tseu disait : « Le TAO que l’on peut nommer n’est pas TAO ».
(15) : Source « Wikipédia » (Mot clé : « Dao »).
(16) : D’après les sages chinois, si TAO était comparable à un océan, son étude pendant une vie entière ne permettrait d’en recueillir qu’une seule goutte.
(17) : Le BLEU et le ROUGE pourraient se substituer au BLANC et NOIR.
(18) : Source « Wikipédia ».

2. Confiance et TAO

TAO nous fourni un cadre d’étude idéal de la confiance, tant par son acception que par ses oppositions.
Comme nous l’avons mentionné plus haut, et décrit dans le schéma ci-dessous, la confiance peut être vue comme le résultat d’un ensemble de réussites. Pour être plus clair nous dirons que chacune des réussites participe à un sentiment général redonnant « foi » en nous-mêmes. Confiance et foi sont donc intimement liées (19). Cependant le sentiment de confiance ne peut être infini, il trouve donc naturellement sa limite dans le point noir de la partie Yang. Ce constat nous semble assez important car parler de « confiance aveugle » revient d’une part à ne pas limiter la confiance, d’autre part à contredire le principe du TAO.

La partie Yin nous semble tout aussi intéressante car elle s’appuie sur le doute. Nous savons à quel point le doute est indissociable de la foi (20) tout en s’y opposant (Ce que nous retrouvons sur le schéma ci-dessous). Cependant le doute possède un ressort vers la confiance que nous avons symbolisé par le point blanc. En effet, et à l’image de la confiance, il ne peut-être total donc il contient, de manière consciente ou non, un ensemble de réussites non détectées qui vont nous aider pour un nouveau départ. Il appartient donc à l’accompagnateur, lors de l’entretien, d’attirer l’attention sur cet ensemble.

Comme ni le doute, ni la confiance ne vont pouvoir se stabiliser de manière définitive, il va s’en suivre un mouvement régulier que nous appellerons une « respiration ». Cette respiration est essentielle car elle permet, en travaillant régulièrement, d’augmenter son champ de confiance que l’on peut aussi comprendre comme son « champ de conscience ». Le résultat sera d’autant plus efficace que l’on trouvera soi-même son rythme en appliquant la démarche ci-dessous.

Pour conclure sur cette partie nous dirons que la confiance peut aussi être un piège dans le sens ou elle se situe dans la non-action. Cette constatation n’est pas triviale car en dehors de l’action, le progrès, l’expérience personnelle ne peuvent exister. Mais en même temps dès qu’il y a action il existe un doute. Nous touchons donc du doigt une réalité quotidienne : le couple (confiance, doute) agit comme une respiration qui ne peut s’arrêter.

Fig. 2 : Le « taijitu » de la confiance

(19) : Le mot « confiance » provient de l’ancien français « fiance » qui signifie « foi » (Cf. Dictionnaire « Le petit Robert »)
(20) : Considérée ici comme confiance.

3.Les défis et TAO

Il est dans notre nature que les conséquences de notre état d’être humain nous égarent, c’est-à-dire nous éloignent de notre axe. Cet état nous entraîne naturellement vers « l’erreur » (21), jusqu’à ce que nous en ayons la maîtrise pour éviter qu’elle ne se reproduise. Cette maîtrise ne peut être que progressive, car bien souvent « le même plat » nous est resservi plusieurs fois avec un sentiment de déjà vu puisque nous chutons à nouveau (22). Paradoxalement nous sous-estimons notre capacité d’auto-analyse qui permettrait, par bien des aspects, une meilleure introspection mais aussi un retour plus rapide vers la sérénité. Tel est le dessein des défis que de regarder et d’analyser nos erreurs afin de revenir vers notre axe.

A la lumière du TAO les défis, représentés par le YIN, peuvent être vus comme un ensemble d’objectifs à atteindre. Chacun de ces objectifs est dit « SMART » i.e. :

• spécifique – dans le sens personnalisé -,
• mesurable,
• ambitieux,
• réaliste,
• limité dans le temps (Début et fin)

Cependant il existe une grande différence entre les défis que l’on se fixe et ceux qui nous sont fixés. Ce qui implique que l’absence de cadre peut ne pas garantir leurs succès (23). Par ailleurs les défis doivent occasionner une tension durant une période. De ce fait il existe un risque, symbolisé par le point noir, qu’ils soient sous dimensionnés et débouchent fatalement vers l’inaction.

Si les défis s’inscrivent dans une dynamique, ils font face naturellement à des freins que l’on pourrait traduire par une sorte d’immobilité ou de manque de vigueur, peut-être même de négligence. Mais cet état ne peut durer car le propre de l’homme c’est l’action. Y aura-t-il un jour ou l’autre une réaction, un réveil ? Le TAO nous répond par l’affirmative avec ce point blanc qui contient le ressort nécessaire à de nouveaux défis. Nous pensons que ce ressort pourrait être l’échec car il rend plus fort et nous oblige à réagir ou « Re-agir ».

Par définition les défis portent l’action : le faire, pour laquelle la principale difficulté réside dans le choix de la période. En effet déterminer le moment le plus adapté pour agir n’est pas aisé. Car il ne suffit pas de prendre la décision de relever le défi pour s’assurer de son succès, encore faut-il se lancer dans l’action. Deux cas de figure se présentent : les objectifs qui nous sont fixés et ceux que l’on se fixe.

Le premier cas nécessite comme nous l’avons vu un contexte qui va être source de contraintes. Un exemple simple concerne l’entreprise où généralement en début d’année les objectifs sont fixés. Les défis sont clairs et cadrés. Autre cas, celui de la tradition Chrétienne où, après la période de Noël, chacun est invité à prendre ses résolutions pour la nouvelle année (24). Au fil du temps le cadre qui était fixé par la tradition a malheureusement disparu pour céder sa place au côté mercantile des fêtes.

Le deuxième cas est certainement le plus difficile car il implique de la rigueur et de la persévérance. La nécessité d’un contexte, gage de succès, impose de gérer les défis comme un projet avec une méthodologie associée (25). Paradoxalement c’est aussi la situation la plus intéressante en termes d’organisation, c’est à dire de choix du moment, puisque nous sommes libres du thème et de la durée de l’action.

Fig. 3 : Le « taijitu » des défis

(21) : « Errare humanum est, sed perseverare diabolicum est » (L’erreur est humaine mais persévérer est diabolique).
(22) : En effet « l’erreur » peut être fortement enracinée chez « l’homme » et agir un peu comme une poupée gigogne. Le problème persiste alors que l’on pensait l’avoir éradiqué.
(23) : Dans ce cas on dit que les objectifs ne sont pas atteints.
(24) : Même si cela n’a jamais été clairement dit, il n’est pas sans fondement de considérer que le « nouvel Homme », célébré durant cette période (NOEL ou NO-AL), car investit d’une nouvelle force intérieure (La lumière de l’Esprit), va agir sur le « Monde » à travers un ensemble de résolutions.
(25) : En général les termes : analyse, planning, budget, suivi, ressources, et risques, font partis du vocabulaire associé à un projet ainsi que la méthode qui les accompagne. Un projet n’est pas seulement valable dans le monde professionnel mais aussi dans la vie de tous les jours. (Par exemple : Le développement personnel, la santé, les projets personnels, le démarrage d’une nouvelle activité culturelle, etc.).