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Quelle est la finalité du « Mind-mapping » ?

lundi, décembre 24th, 2012

Habituellement quand on veut parler du « Mind-mapping » on se limite aux trois questions de base :

• Qu’est-ce c’est ?
• Qu’est-ce que je peux faire avec ?
• Quels sont les avantages ?

Pourtant il existe une dimension, plus subtile certes mais qui va au-delà des simples apparences que peuvent provoquer les avantages liés aux cartes mentales : la finalité d’une carte. J’ai donc récemment posté sur internet, à l’attention de la communauté une invitation à répondre à la question : « Quelle est la finalité du « Mind-mapping » ?». Bien-entendu il y a fort à parier que les réponses seront multiples car elles dépendront de l’expérience et de la connaissance de chacun sur le sujet. Tout cela est me semble-t-il bien normal car il n’existe pas de référentiel dans le domaine pour se positionner, enfin pas encore. Cette question, qui peut paraître anodine, est fondamentale et incombe, selon moi, aux formateurs ou aux centres de formations  qui ont pris en charge l’initiation aux cartes mentales. Etant moi-même formateur, j’ai un grand respect pour cette profession qui exige beaucoup d’investissements personnels et de qualités pédagogiques. Cependant je ne suis pas sûr que ce point soit toujours abordé.

Avant de répondre à cette question, il me semble incontournable de revenir sur la méthode qui nous invite à prendre une feuille vierge, vue comme un espace infini que l’utilisateur va conquérir, et à dessiner un centre muni d’un thème. Cette étape est fondatrice car elle implique de planter un drapeau sur un nouveau territoire. C’est à partir de cette base, vue comme un « je suis », que va se développer la conquête dans différentes directions avec des mots clés et des branches. Soyons clair, sans un centre on ne peut parler de « Mind-mapping » ! Cette notion est tellement importante que je pose comme postulat : « Le centre d’une carte est un principe d’existence dont les conséquences cognitives favorisent la réflexion et la créativit頻 (1). Malheureusement cette étape est complètement occultée par de nombreux logiciels qui génèrent par défaut un centre avec un libellé (2) générant ipso facto une incompréhension. Bien que pour des raisons personnelles je ne sois pas un aficionado des cartes manuelles je leur reconnais au moins le mérite de me laisser cette « libert頻 (3).

Une réponse possible à la question posée pourrait-être : « La finalité du « Mind-mapping » est de permettre, parmi mille choses, d’organiser ses idées ». C’est séduisant au premier abord cependant  n’y a-t-il pas confusion avec le pourquoi  et le quoi ? On oublie souvent de dire que dans le domaine de la cartographie toute carte (4) possède un code (Format, agencement des éléments, point d’entrée, etc.). Pour les cartes mentales le code se traduira par une structure et des règles (5). Bien qu’il y ait une certaine souplesse dans sa réalisation, il paraît clair que le code d’une carte mentale reste une contrainte car nous ne sommes pas ici dans une œuvre libre (un dessin par exemple). La carte peut donc être vue comme un contenant structuré et modifiable dans lequel les idées du créateur vont prendre place autour d’un centre. Puis-je dire pour autant que c’est la finalité du « Mind-mapping » ? N’est –pas plutôt la richesse intérieure qui est révélée (6) via un contenant approprié dont le centre est fondateur ? La révélation de ce qu’il y a sous mes yeux n’aide-t-elle pas à la prise de conscience que « Je suis » tout cela ? Imaginons un exercice simple : prenez une feuille et dessiner en son centre un petit personnage vous caractérisant. Créer autant de branches que vous le souhaitez en ajoutant toutes les réalisations positives depuis votre naissance. Quel serait votre ressenti une fois l’œuvre terminée ? Je pense que vous énonceriez un principe d’identité (7) qui se traduirait par « Mais je suis tout cela ! ».

Une autre réponse possible pourrait être «La finalité du « Mind-mapping » » est de favoriser la prise de conscience individuelle ou collective en faisant émerger la richesse intérieure ». Bien que cette proposition retienne toute mon attention, car c’est bien de cela dont je parle à travers « Je suis tout cela ! », on pourrait tout aussi bien dire que c’est « une rencontre avec soi-même» (8). Cette rencontre que certains formateurs ont peut-être perçus au travers de réactions comme « Incroyable je ne pensais pas être capable de cela !». Il y a là une prise de conscience qui favorise une réconciliation avec soi. Il est donc dommage que les formations actuelles, qui posent les briques de base de ce domaine, oublient de mentionner dans leur pédagogie que c’est le début d’un chemin, mais un chemin vers le soi, notre centre ! Partir d’un centre pour arriver à un autre centre, voilà bien un principe d’unité (9).

Alors le « Mind-mapping » : un outil ?, une méthode ?, ou une philosophie ? Chacun choisira son positionnement pourvu qu’il n’oublie pas la finalité qui s’y rattache.

(1)  On retrouve cette même idée du centre comme fondation dans tous les schémas centrés

(2)  « Sujet central » pour MindManager, « Untitled » pour MindGenius, « Central topic » pour Xmind ». Seul le logiciel iMinMap invite à choisir une image avant de commencer.

(3)  Liberté que je ne retrouve pas dans : l’agencement difficile des éléments, l’ergonomie des couleurs, le fond d’écran, les icônes, etc… à la différence d’un logiciel.

(4)  Carte de visite, carte routière, carte postale, carte bleue etc…

(5)  Le terme « règles » est pris ici dans son acception la plus général du terme sans se soucier s’il s’agit de celles de Tony Buzan ou d’autres.

(6)  Dans le sens de « lever le voile ». Du latin revelare « découvrir », et de velum « voile » 

(7)  J’entends par « identit頻 quelques chose qui est pareil, de même nature (id – entité) que moi.

(8)  On pourrait aussi parler de rencontre avec ses ressources

(9)  « Tout part du centre et tout y revient » (JPC)